Les forces tunisiennes dépassées par l’émergence d’une guérilla islamiste

Les forces tunisiennes dépassées par l
L’opération "antiterroriste" dans l’Ouest tunisien qui a fait une dizaine de blessés en deux jours dans les rangs des forces de sécurité a révélé le désarroi des autorités face à une stratégie de guérilla adoptée par des jihadistes, selon des analystes et syndicats policiers.

Si le mont Chaambi, près de la frontière algérienne, est le théâtre d’opérations régulières depuis décembre, elles sont entrées lundi dans une nouvelle phase, les mines ayant gravement blessé militaires et gendarmes démontrant que la zone est devenue un refuge fortifié pour un groupe armé qui semble lui n’avoir enregistré aucune perte.

Selon une source sécuritaire sur le terrain, une cinquantaine d’hommes aguerris y sont retranchés. Des échanges de tirs y ont eu lieu à la mi-journée.

Le ministère de l’Intérieur et de la Défense se gardent de commenter la situation sur le terrain et d’identifier l’ennemi, mais des voix s’élèvent face à l’absence d’entraînement et d’équipements adaptés dans les unités déployées.

Bassem Haj Yahia, qui a perdu une jambe après l’explosion d’un des engins, a raconté à la radio privée Mosaïque-FM que les troupes font face à un adversaire organisé et bien armé.

"Ils sont installés comme dans un petit village où ils ont leurs planques et un site d’entraînement ainsi que des équipements", raconte l’agent de la Garde nationale, l’équivalent de la gendarmerie.

Selon lui, ils bénéficient aussi des complicités de populations locales: "Ils ont une idéologie dangereuse et veulent porter atteinte à la Tunisie. Beaucoup de citoyens ont un penchant favorable pour ces gens et les aident".

Or les forces tunisiennes ne sont pas préparées aux conflits asymétriques, souligne à l’AFP Sami Gnaoui, un fondateur du syndicat de la Garde nationale.

"Il faut des forces spécialisées dans la lutte antiterroriste sur tous les terrains, capables d’intervenir dans les villes mais surtout dans les montagnes" comme le mont Chaambi, zone escarpée et difficile d’accès, relève-t-il.

"Il faut changer de mentalité, et arrêter de traiter (l’ennemi) comme de simples criminels, il faut les traiter comme des combattants bien entraînés", poursuit M. Gnaoui, dénonçant l’envoi de "simples policiers".

Les journaux s’inquiétaient aussi du changement de stratégie que des jihadistes semblent avoir opéré, passant des actions de rues, comme l’attaque de bâtiments publics par des manifestants équipés de bâtons et d’armes blanches, à des opérations de guérilla.

Si les saisies d’armes se sont multipliées ces derniers mois, le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda, empêtré par ailleurs dans une crise politique interminable, ne semble pas disposer d’une stratégie claire.

"On se demande quelle politique le gouvernement a choisi pour affronter ces jihadistes qui semblent avoir opté pour des opérations armées de plus en plus menaçantes", s’interroge, dans le quotidien La Presse, Alaya Allani, expert tunisien des réseaux jihadistes.

M. Allani dénonce les hésitations d’Ennahda pour juguler l’émergence de la mouvance salafiste et de prédicateurs glorifiant la guerre sainte qui "font tout ce qu’ils veulent dans notre pays et répandent leur venin à volonté sans que les autorités lèvent le petit doigt".

Autre défi, la coopération sécuritaire entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye pour bloquer le trafic d’armes en plein essor depuis la chute des régimes de Mouammar Kadhafi et Zine El Abidine Ben Ali.

"Les découvertes d’arsenaux d’armes plus ou moins importants se sont succédés, donnant un aperçu exhaustif de la porosité de nos frontière, notamment cô té libyen", constate ainsi le journal le Quotidien.

Alger, Tunis et Tripoli ont annoncé en janvier vouloir multiplier les opérations communes, mais aucune information concrète n’a été communiquée sur ces mécanismes.

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