Les dirigeants égyptiens satisfaits des « encouragements » de Washington

Les nouveaux dirigeants égyptiens ont accueilli avec satisfaction jeudi des « encouragements » des Etats-Unis sur la mise en place de mesures de transition, qui laissent à leurs yeux augurer du maintien d’une aide annuelle de 1,5 milliard de dollars, vitale pour une économie à bout de souffle.

Les dirigeants égyptiens satisfaits des
L’Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe et premier importateur mondial de blé, dispose de moins de deux mois de réserves de blé importé, un stock bien moindre que ce que les anciennes autorités avaient jusqu’ici dévoilé, ce qui illustre l’état de dégradation avancé de l’économie.

La destitution par l’armée, le 3 juillet, de l’islamiste Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu de l’histoire du pays, après le rassemblement dans les rues de millions d’opposants au chef de l’Etat, a polarisé le pays comme jamais dans l’histoire récente.

Face à cela, les Etats-Unis, accusés d’ingérence tant par les partisans que par les adversaires du chef de l’Etat déchu, ont adopté une ligne très prudente.

La loi américaine interdit d’aider des pays dont le gouvernement démocratique a été renversé par un coup d’Etat.Jusqu’ici, Washington déclarait qu’il était prématuré de dire si les derniers événements correspondaient à cette définition.

Mercredi, le département d’Etat a toutefois dit que le gouvernement de Mohamed Morsi "n’était pas un régime démocratique". "Ce que je veux dire, c’est que (…) 22 millions de personnes sont sorties pour exprimer leur opinion et dire clairement que la démocratie ne se réduit pas à gagner une élection dans les urnes", a expliqué la porte-parole Jen Psaki.

DEUX MOIS DE RESERVES

Pour le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdellaty, ces déclarations "illustrent une compréhension et une prise de conscience (…) du fait que les développements politiques que connaît l’Egypte ces derniers jours expriment la volonté des millions d’Egyptiens qui sont descendus dans les rues à partir du 30 juin pour défendre leurs droits légitimes et réclamer des élections anticipées".

Dans les jours qui ont précédé la chute de Mohamed Morsi, l’ambassadeur des Etats-Unis au Caire avait été très critiqué par le camp libéral et laïque pour avoir souligné le caractère démocratique de l’élection de l’ex-chef de l’Etat, investi le 30juin 2012, et dissuadé ses opposants de manifester.

La Maison blanche a cependant refusé lundi de qualifier la destitution du président de coup d’Etat militaire et déclaré qu’elle se donnait du temps pour étudier la question.

Deux ans et demi de troubles politiques consécutifs à la chute du président Hosni Moubarak en février 2011 ont laissé l’Egypte au bord de l’effondrement économique. L’instabilité a fait fuir touristes et investisseurs, réduit les réserves de change et menacé les capacités à financer les importations de produits alimentaires et de carburant.

Rencontré mercredi soir au Caire à un rassemblement des partisans de Mohamed Morsi, l’ancien ministre des Approvisionnements Bassem Ouda a précisé que le pays possédait moins de deux mois de réserves de blé importé, soit 500.000 tonnes, et un stock de trois millions de tonnes de blé local.

D’ordinaire, l’Egypte importe environ 10 millions de tonnes de blé en une année. Absent des marchés depuis février, le pays a importé 180.000 tonnes de blé juste avant l’éviction de Mohamed Morsi.

MANIFESTATIONS VENDREDI

Ces chiffres, jusqu’ici jalousement tenus secrets, montrent à quel point les 12 milliards de dollars d’aide versés ces deux derniers jours par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït – qui se réjouissent de la chute de Morsi, soutenu parle Qatar – constituent une manne essentielle.

Dans un rapport sur la production céréalière mondiale publié jeudi, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que "les désordres sociaux et la baisse des réserves de devises (en Egypte) engendrent de sérieuses inquiétudes pour la sécurité alimentaire".

Dans le cadre du processus de transition, l’économiste Hazem el Beblaoui a été nommé Premier ministre par intérim. Il espère former un gouvernement d’ici le début de la semaine prochaine.

Ces changements s’accompagnent d’une répression contre les Frères musulmans, la confrérie dont est issu Mohamed Morsi.

La justice recherche Mohamed Badie, guide de la confrérie islamiste, son adjoint Mahmoud Ezzat, et Essam el Erian et Mohamed el Beltagui, responsables de l’aile politique du mouvement, pour incitation à la violence, alors que 53 partisans de Mohamed Morsi et quatre membres des forces de sécurité sont morts lundi matin dans des affrontements dont chaque camp se renvoie la responsabilité.

Les Frères musulmans maintiennent un rassemblement jour et nuit devant la mosquée Rabaa Adaouia, dans le nord-est du Caire, pour réclamer le rétablissement de Mohamed Morsi dans ses fonctions, un objectif qui paraît désormais hors de portée.

Le début du mois de jeûne musulman du ramadan n’a guère entamé la détermination des islamistes, qui ont appelé à de nouvelles manifestations vendredi, en même temps que les anti-Morsi du mouvement Tamarod (Rébellion).

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