Les députés français débattent de la reconnaissance de l’Etat palestinien

Après leurs homologues britanniques et espagnols, les députés français s’apprêtent à adopter une résolution symbolique demandant à leur gouvernement une reconnaissance de l’Etat palestinien, au moment où Paris pourrait annoncer l’organisation d’une conférence internationale pour relancer un processus de paix moribond.

A l’initiative des députés de la majorité socialiste, l’Assemblée nationale est appelée à débattre ce vendredi d’une résolution non contraignante "invitant le gouvernement français à reconnaître l’Etat de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit". Un vote est prévu mardi 2 décembre.

Lors du débat, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius devrait parler de l’organisation "d’une conférence permettant (…) de trouver une issue à ce conflit" israélo-palestinien au Proche-Orient, a annoncé jeudi soir le président français François Hollande. "Il y a une initiative diplomatique que la France doit conduire", a-t-il ajouté sans autre précision lors d’un entretien aux médias France 24, TV5-Monde et RFI.

Reflétant l’extrême sensibilité du sujet en France, pays qui abrite les communautés juive et musulmane les plus importantes en Europe, l’Assemblée nationale est divisée sur le projet de résolution parlementaire même si son adoption ne fait aucun doute mardi.

Les élus de gauche, majoritaires, doivent se prononcer pour le texte, à l’exception des plus proches d’Israël, critiques sur l’opportunité d’une telle démarche. L’opposition de droite, sauf quelques députés, devrait en revanche voter contre, estimant que le Parlement n’a pas à empiéter sur le domaine réservé de l’exécutif.

La résolution constate "l’échec des tentatives de relance du processus de paix" depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens, et pointe "la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens". Elle affirme "l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit" pour l’établissement d’un Etat palestinien au côté d’Israël, "sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats".

– "Impasse totale" –

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Ce texte est débattu alors que la situation ne cesse de se détériorer au Proche-Orient, où les violences se sont multipliées ces dernières semaines à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, certains observateurs mettant en garde contre une troisième intifada palestinienne.

Les négociations entre Israéliens et Palestiniens ont échoué au printemps dernier malgré neuf mois de navettes et d’efforts du secrétaire d’Etat américain John Kerry, et toute perspective de reprise des discussions semble exclue.

"Il y a une impasse totale, et rien n’est plus dangereux que l’immobilisme et le statu quo actuels", déclare à l’AFP la socialiste Elisabeth Guigou, qui a porté le projet de résolution. "La solution à deux Etats, reconnue par la communauté internationale, par l’Autorité Palestinienne et par le gouvernement israélien lui-même, est en train de considérablement perdre de sa réalité", s’alarme-t-elle.

Après la décision suédoise en octobre de reconnaître officiellement la Palestine, puis les résolutions britannique et espagnole, Israël, qui a dénoncé avec virulence des initiatives "unilatérales", devrait scruter avec attention le débat français.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en garde contre la "grave erreur" que serait une éventuelle reconnaissance de la Palestine par la France. L’ambassadeur d’Israël à Paris, Yossi Gal, a pour sa part dénoncé "une mauvaise initiative" qui risque "d’exacerber la situation".

Paris fait en effet figure de "poids lourd" en Europe sur le dossier, et a été au cours des trente dernières années à l’origine des principales déclarations politiques sur les droits des Palestiniens. "La France compte énormément dans l’équation européenne et peut avoir un effet d’entraînement", déclare à l’AFP l’ambassadeur palestinien à Paris, Hael Al Faoum.

Pour autant, la résolution ne signifie pas que la France s’apprête à franchir le pas et à reconnaître officiellement la Palestine.

"Le gouvernement n’est pas lié", a rappelé la semaine dernière Laurent Fabius, qui répète régulièrement que la reconnaissance doit être "utile" à un règlement du conflit, et pas simplement symbolique".

Paris veut agir dans un cadre international concerté, soulignent les autorités françaises. Et notamment à l’ONU, où les Palestiniens ont annoncé leur intention de déposer une résolution réclamant la fin de l’occupation israélienne en 2016.

Afin d’éviter le veto américain, la France tente avec ses partenaires européens de promouvoir un texte alternatif qui ne fixe pas de calendrier, selon des sources françaises.

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