Les compléments alimentaires surfent sur la vague de la nutrition santé

Faire le plein de vitamines, oméga 3 et minéraux sans avoir à éplucher des carottes ou décapiter des anguilles… Surfant sur la vague de la nutrition santé, flirtant avec le médicament, les compléments alimentaires sont de plus en plus consommés et de plus en plus surveillés.

Les compléments alimentaires surfent sur la vague de la nutrition santé
Fruits et légumes viennent parfois du bout du monde pour finir de mûrir au fond du réfrigérateur familial : malgré une alimentation sophistiquée, les modes de consommation actuels font que "la plupart des gens n’ont pas leur optimum en nutriments", estime le Dr Dominique Rueff, fervent partisan des compléments alimentaires.

Vitamine C pour renforcer les défenses immunitaires, vitamines du groupe B contre la dépression ou la fatigue, zinc, fer, vitamine A… la liste est longue.

"Il n’y a pas un sportif de haut niveau qui n’est pas supplémenté", ajoute-t-il pour convaincre de leur intérêt.

Un adulte sur cinq et un enfant sur dix utilisent des compléments alimentaires au moins une fois par an, selon une estimation de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa).

Mais le Français fait encore figure de petit consommateur en Europe, avec 17,5 euros par habitant et par an consacrés à l’achat de ces produits, contre 73 euros pour le Norvégien, champion européen, selon le Syndicat des fabricants de produits naturels, diététiques et compléments alimentaires (Synadiet).

Le marché français est estimé à environ 1 milliard d’euros.

"La minceur est plutôt en baisse, tandis que les produits plus techniques (gynéco-urinaire, ophtalmologie…) sont en augmentation", remarque Hervé Morisset, secrétaire général du Synadiet.

Il estime que les vagues de déremboursement de médicaments "jouent en faveur des compléments alimentaires", citant par exemple les veinotoniques.

La distribution passe encore majoritairement par les pharmacies (55%), mais la vente à distance, notamment via internet, gagne du terrain.

Commercialisés sous forme de doses (gélules, comprimés, pilules…), les compléments sont considérés comme des denrées alimentaires, rappelle le président du syndicat, Alban Maggiar, soulignant qu’"ils sont de plus en plus réglementés", aux niveaux national et européen.

Depuis l’automne dernier, l’Afssa a ainsi mis en place "un dispositif de vigilance", demandant aux professionnels de santé de l’informer d’éventuels effets secondaires chez leurs patients.

Au niveau européen, c’est le vaste chantier de l’évaluation scientifique des allégations santé qui est en cours. Toutes les denrées alimentaires sont concernées par cette sévère remise à plat, notamment margarines, yaourts ou compléments vantant auprès du consommateur leurs bienfaits supposés pour la santé.

Populaires, les compléments alimentaires n’en sont pas moins régulièrement remis en question, comme dans le livre des Dr Luc Cynober et Jacques Fricker publié récemment, "La vérité sur les compléments alimentaires".

Pour la nutritionniste Monique Ferry (Inserm), le mot d’ordre est la prudence. "Tant qu’on reste à des doses nutritionnelles, on n’a pas de risque particulier de toxicité", dit-elle.

"Mais il y a des gens qui ont des doses cumulatives parce qu’ils ne regardent pas ce qui est écrit sur les différents compléments qu’ils prennent". D’autant que peuvent s’y ajouter des produits d’alimentation courante eux-mêmes complémentés.

Le Dr Ferry met particulièrement en garde contre le danger des achats sur internet où l’on peut tout trouver, y compris des produits non-autorisés, mais "sans aucune sécurité".

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite