Les chrétiens égyptiens enterrent leurs morts dans la douleur
Dans l’église d’un petit village du centre de l’Égypte, les liturgies en langues coptes se mêlent aux cris et aux chants de colère: des milliers de chrétiens assistent aux funérailles de victimes d’un attentat qui a une nouvelle fois endeuillé leur communauté.
Dans l’église pleine à craquer de Deir El Jernous, on avance difficilement. Devant l’autel sont disposés huit cercueil en bois, sobrement décorés d’une croix dorée.
Les proches des victimes, des hommes en jellabah, des femmes vêtues de la traditionnelle robe de deuil noire des paysannes égyptiennes, sont penchés sur le cercueil, visage collé contre le bois, retardant les adieux.
Les noms sont imprimés sur une feuille blanche, scotchée sur chaque cercueil. Les liturgies en langues coptes se succèdent. On récite le Notre père en arabe avant que les femmes, les cheveux recouverts par un fichu noir, ne laissent éclater leurs cris de douleur.
Dans la cour de l’église, la colère gronde. Juché sur les épaules de ses camarades, un homme brandit une grande croix de bois.
"Avec notre âme, avec notre sang, on se sacrifie pour la croix", scande la foule, à l’étroit dans la petite cour de l’église, décorée d’une mosaïque représentant le voyage de la sainte famille en Egypte.
Ici, le constat est le même. Malgré les attentats qui ont endeuillé les coptes ces derniers mois, les autorités du président Abdel Fattah al-Sissi ne font rien pour protéger la petite communauté chrétienne, qui représente près de 10% des 90 millions d’Egyptiens.
Avec AFP