Les bombes françaises ont « peut-être » tué des Français en Syrie

Des jihadistes français ont-ils été tués par des frappes françaises en Syrie? Possible mais, en tout état de cause, Paris continuera à cibler les combattants du groupe Etat islamique (EI), a averti lundi le Premier ministre français Manuel Valls.

"Notre responsabilité c’est de frapper Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique) et nous continuerons quelles que soient les nationalités (…) Les terroristes, de ce point de vue là, n’ont pas de passeport", a déclaré M. Valls, en visite en Jordanie.

Une source gouvernementale avait auparavant évoqué pour la première fois la possible présence de Français parmi les victimes des frappes, une information qui, si elle se confirmait, ferait débat concernant la base juridique de ces opérations.

"Les frappes françaises ont tué des jihadistes (en Syrie). Il pourrait y avoir des jihadistes français", a indiqué cette source en marge du déplacement de Manuel Valls en Jordanie. "Le chiffre de six a été annoncé probablement par une ONG syrienne. A cette heure, nous ne pouvons rien confirmer", a-t-on ajouté de même source, sans plus de précisions.

Le Premier ministre a déclaré pour sa part que des Français avaient "peut-être" été tués dans une frappe effectuée dans la nuit de jeudi à vendredi, sans vouloir rependre les informations faisant état de six morts.

M. Valls s’est rendu en début d’après-midi sur une base aérienne jordanienne d’où décollent une partie des chasseurs français frappant l’EI en Syrie.

– Des francophones tués –

Interrogé par l’AFP, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG syrienne qui dispose d’un vaste réseau de sources dans ce pays en guerre, n’a pas pu confirmer qu’il y avait des Français tués.

L’OSDH avait en revanche fait état dès vendredi de 16 morts dans la frappe française, dont trois jeunes de moins de 18 ans et un chef, Abou Abdallah al-Belgiki, surnommé "le Belge", et donc présumé avoir la nationalité belge. Certains portaient aussi des noms marocains et ont potentiellement la double nationalité franco-marocaine, selon l’Observatoire.

Le ministère français de la Défense a confirmé pour sa part la présence probable de Français ou francophones dans le camp d’entraînement ciblé la semaine dernière près de Raqa, fief de l’EI dans l’est de la Syrie.

Mais il a souligné que ne rien ne permettait d’établir qu’ils avaient été tués. "A ce stade, nous ne pouvons confirmer aucun élément précis relatif à ce bombardement", a-t-il noté dans une déclaration à l’AFP.

M. Valls a réfuté tout couac de communication. "Il n’y a aucun cafouillage", a-t-il affirmé depuis Amman, en invitant les journalistes "à ne pas prendre les informations ici ou là comme argent comptant".

– Ils ont choisi leur camp –

La présence de combattants étrangers, notamment francophones, a été identifiée par le renseignement français lors d’interrogatoires de jihadistes liés à la Syrie, relève-t-on au ministère.

Selon une source proche du dossier, les services spécialisés ont pu confirmer le décès de 139 jihadistes en Syrie sur le millier venus de France, sans compter les possibles victimes de la frappe de la semaine dernière et les blessés.

Au total 850 personnes y sont ou en sont revenues, auxquelles s’ajoutent ceux qui ont émis le souhait de partir faire le jihad, selon cette source. Les filières jihadistes françaises représentent ainsi quelque 1.700 personnes, a estimé dimanche M. Valls.

Comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France invoque la légitime défense – c’est-à-dire empêcher des attentats sur son territoire – pour justifier ses bombardements aériens en Syrie. Mais les familles pourraient intenter des actions en justice contre l’Etat si des ressortissants français étaient tués.

"Quand on s’engage dans les rangs de l’armée de Daech, on fait la guerre, donc on court les risques de la guerre", a déclaré la vice-présidente du parti d’opposition de droite Les Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet, à l’unisson d’une partie de l’opinion.

"Ils ont choisi le camp de Daech, Daech est notre ennemi et le restera", avait déjà lancé le ministre socialiste de la Défense, Jean-Yves Le Drian, au lendemain des premières frappes le 27 septembre.

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