Les aspirants jihadistes changent de tactiques pour brouiller les pistes, selon Interpol

Selon Interpol, les mesures prises pour stopper les combattants étrangers désireux de rejoindre la Syrie « conduisent déjà à des changements tactiques ».

Les aspirants djihadistes désireux de rejoindre la Syrie ou l’Irak ont déjà changé de tactiques pour brouiller les pistes des gouvernements qui peinent à les contrer, en scindant leur trajet ou en faisant appel à d’ex-criminels, selon le patron d’Interpol. Les mesures prises pour stopper les combattants étrangers désireux de rejoindre le groupe État islamique (EI) "conduisent déjà à des changements tactiques" des recruteurs qui s’efforcent de mettre sur pied des trajets en plusieurs tronçons pour défier leur surveillance, a indiqué vendredi le secrétaire général de l’organisation internationale de coopération policière Interpol, Juergen Stock, devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Les recruteurs approchent aussi d’anciens condamnés pour qu’ils les aident à monter des "réseaux de passeurs" pour permettre aux aspirants djihadistes d’atteindre leur destination.

Le Conseil de sécurité réunissait les ministres de l’Intérieur de ses 15 pays membres pour se pencher sur le phénomène des combattants étrangers de l’organisation EI, pour la première fois depuis la publication d’une étude de l’ONU montrant un accroissement de leur nombre. Selon Juergen Stock, le partage de renseignements est crucial pour endiguer le flot d’aspirants djihadistes. "Le renseignement traverse les frontières, mais à un rythme beaucoup moins rapide que les combattants terroristes étrangers", a-t-il souligné.

"Il y encore beaucoup à faire" pour stopper le flot d’aspirants djihadistes qui deviennent "de plus en plus mobiles, capables de s’adapter et brutaux", a souligné de son côté le ministre américain à la Sécurité intérieure Jeh Johnson devant le Conseil.

Problème croissant en Libye

Avant la réunion, l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power avait déploré que les gouvernements ne prennent pas assez de mesures. "Il n’y a pas du tout assez d’actions globales pour poursuivre pénalement et empêcher véritablement les déplacements de ces combattants étrangers depuis et vers les zones de conflit". "Nous avons besoin que les États avancent et créent de nouvelles lois s’ils ne l’ont pas encore fait, qu’ils appliquent les lois s’ils en ont déjà, et prennent des mesures concrètes pour empêcher ces combattants étrangers de voyager", a ajouté Samantha Power.

Seuls 51 pays ont demandé aux compagnies aériennes opérant sur leur territoire de fournir par avance des informations sur leurs passagers pour faciliter les contrôles. Environ 25 000 combattants étrangers venus de 100 pays ont rejoint les rangs de groupes armés locaux, selon un rapport de l’ONU. Il s’agit d’une augmentation de 71 % entre mi-2014 et mars 2015. "Le flot est plus important qu’il n’a jamais été historiquement, et implique principalement des mouvements vers la Syrie et l’Irak, avec un problème croissant évident en Libye", note l’étude.

S’attaquer aux causes du départ de femmes

Le Conseil de sécurité avait adopté une résolution en septembre pour appeler les gouvernements à poursuivre en justice leurs aspirants djihadistes. Mais cela n’empêche pas un nombre croissant de combattants étrangers de voyager depuis le Maroc, la Tunisie, la France ou la Russie. L’ONU affirme même avoir trouvé des traces de djihadistes partis des Maldives, de Finlande, de Trinité-et-Tobago, ainsi que de pays d’Afrique sub-saharienne. La Turquie, considérée comme un important carrefour pour rejoindre la Syrie ou l’Irak, est particulièrement visée, mais les pays d’origine de ces aspirants djihadistes sont désormais aussi montrés du doigt.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a précisé que ces étrangers étaient souvent des jeunes hommes âgés de 15 à 35 ans mais il a souligné aussi le besoin de s’attaquer aux causes du départ de femmes et d’enfants vers ces groupes extrémistes.

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