Les Bleus comme la banlieue ? (RMC)

Un certain nombre d’habitants de banlieue ont été choqués et humiliés par le parallèle initié par M Finkelkraut et repris en chœur par la presse, les commentateurs et les politiques entre la banlieue et les comportements supposés de certains joueurs de l’équipe de France lors du Mondial.

Les Bleus comme la banlieue ? (RMC)
Comment réduire des habitants aussi diversifiés à une catégorie socio-culturelle précise ? Impossible bien sûr. On doit donc supposer que le terme « banlieue » désigne ce lieu fantasmé où vivent des personnes d’origine étrangère dans des cités des quartiers de relégation. Mais alors comment comparer des garçons de 25 ans gagnant plus d’un million par mois à d’autres jeunes vivant dans des quartiers où le chômage atteint 50% de cette tranche d’âge ? Pourquoi ne pas considérer que ces footballeurs ont le comportements de leur niveau de vie comme des traders, des étudiants de grandes écoles ou les rockers et rappeurs ?

Si ce n’est pas l’argent qui fait la catégorie sociale incriminée, est ce l’origine ethnique ? Mais alors, les Antillais, français depuis de multiples générations comme Anelka doivent-ils se sentir visés ? ou bien les Français du nord, comme Ribéry ? Les Maghrébins, absents de cette équipe de coupe du monde ne seraient donc pas des jeunes de banlieues ? Ca les changera !

Si cette hypothèse s’effondre, il reste l’appartenance religieuse. Chacun sachant que Ribéry avant d’être converti devait être un enfant de chœur et supposant que les mauvais chrétiens de l’équipe reçoivent l’ influence néfaste de la religion musulmane diabolisée, religion du héros Zidane. Certes il est compliqué de désigner un groupe d’homme par sa religion supposée (Les juifs, les musulmans, les pentecôtistes) mais plus compliqué encore de prédire des comportements spécifiques à partir de ces appartenances religieuses sans tomber sous le coup de la loi et de l’absurdité.

Si ces hypothèses s’écroulent, on doit donc supposer que, contre Rousseau et la psychologie moderne, on estime que les origines sociales déterminent des comportements spécifiques et asociaux. Les pauvres volent, sont fainéants, ne respectent pas l’autorité, se rebellent alors que les riches se comportent honnêtement. Le quotidien des « affaires, scandales et autres détournements et tueries guerrières nous montre comme les statistiques que la malhonnêteté est la chose la mieux partagée au monde.

Il nous faut alors revenir à notre première hypothèse et désigner les habitants de certains zones de France comme des bandits systématiques en oubliant les histoires personnelles de ces jeunes garçons confiés à des clubs de formation dés dix ans, éloignés de leurs familles, devenant des héros en quelques mois, gagnant des fortunes insolente à l’âge ou logiquement, on démarre dans la vie.

C’est oublier aussi qu’un groupe obéît à des règles collectives (dites dynamique de groupe) qui ne sont pas l’addition des personnalités juxtaposées et que l’on a vu des gens très bien devenir des tueurs sous l’influence d’un chef. Qui était le chef de cette équipe qui devait positiver les personnalités pour en faire un groupe conquérant ? Qui étaient les tutelles ?

Certes l’image des Bleus est mauvaise pour nos gamins mais l’exploitation sordide des médias et des politiques pour stigmatiser encore la banlieue à travers notre échec est encore plus irraisonnable et dangereuse. Un peu de dignité, mesdames et messieurs du haut de vos certitudes, s’il vous plait, c’est de citoyens en souffrance aujourd’hui plus que jamais dont vous parlez avec mépris.

Etienne Liebig

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