Législatives algériennes: le taux de participation à l’image d’un scrutin sans enjeu

La seule véritable inconnue dans les élections législatives organisées ce jeudi en Algérie ne porte pas sur le résultat, mais sur la participation de l’électorat. En fin de journée, elle s’élevait à 33,53%.

Le président algérien, dont l’état de santé fait régulièrement l’objet de spéculations, a effectué une rare apparition publique le 4 mai pour voter en fauteuil roulant. Abdelaziz Bouteflika a remis le bulletin de vote à l’un de ses neveux qui l’a glissé dans l’urne avant de se laisser longuement photographier. Il est parti sans faire de déclaration.

Au pouvoir de manière ininterrompue depuis l’indépendance en 1962, le Front de libération nationale (FLN) semble assuré de la victoire.

Sur les 462 sièges de l’Assemblée nationale populaire, le FLN en détient 221 depuis le précédent scrutin il y a cinq ans. Le Rassemblement national démocratique (RND), son allié, en occupe 70.

Au terme d’une campagne terne, le scrutin qui voit 23 millions d’Algériens appelés aux urnes, et dont les résultats seront annoncés vendredi matin par le ministère de l’Intérieur, ne devrait guère modifier les contours de la carte politique du pays.

Pour Nourredine Bekis, professeur en sociologie politique à l’université d’Alger, les Algériens, plus préoccupés par la santé du chef de l’Etat, sont "convaincus que des élections sans enjeu ne peuvent pas conduire à un changement" et que l’ordre politique établi ne sera pas bouleversé.

Il s’agit du premier scrutin législatif depuis l’adoption l’an dernier d’une réforme constitutionnelle qui élargit les pouvoirs législatifs, prévoyant notamment que l’Assemblée soit consultée sur la nomination du Premier ministre, et rétablit la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Mais pour de nombreux analystes comme pour l’opposition, l’Assemblée nationale populaire reste pour l’essentiel une chambre d’enregistrement.

Au pouvoir depuis 1999, le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, n’apparaît pratiquement plus en public depuis l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime en 2013. C’est en fauteuil roulant, aidé d’un neveu, qu’il a voté jeudi à Alger. On l’a vu serrer la main de policiers et de scrutateurs. Il n’a pas pris la parole.

Son absence de la scène alimente le sentiment chez de nombreux Algériens, en particulier les jeunes – plus de la moitié de la population a moins de 30 ans – que le pouvoir est confisqué par une élite de plus en plus âgée se référant à une lutte de libération nationale qui leur paraît bien lointaine.

En outre, la situation économique n’est guère brillante. La baisse des revenus pétroliers entamée il y a trois ans illustre le manque de diversification d’une économie encore fortement étatisée. Le budget de l’Etat repose pour 60% sur les revenus issus des hydrocarbures.

Cette situation a contraint le gouvernement à réduire les dépenses publiques et aussi à entamer la révision à la baisse des subventions sur le carburant ou l’électricité.

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