Le suspect algérien inculpé pour projet d’attentat et assassinat

L’Algérien soupçonné d’avoir tué une femme près de Paris dans le cadre de préparatifs d’attentat contre une ou deux églises a été inculpé vendredi, notamment d' »assassinat » en relation avec une entreprise terroriste et placé en détention préventive.

Trois mois après les attentats de Paris qui ont fait 17 morts en janvier, les enquêteurs sont soucieux de démêler l’écheveau de soutiens dont semble avoir bénéficié Sid Ahmed Ghlam, 24 ans, qui était selon eux "télécommandé" de l’étranger.

Le jeune homme a été fortuitement interpellé dimanche après avoir appelé les secours pour une blessure par balle à l’origine inexpliquée. Alertés, les policiers ont alors découvert un important arsenal dans sa voiture et à son domicile, ainsi que des documents en relation avec les groupes jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique (EI).

Diverses analyses ont permis de le relier au meurtre d’un professeur de fitness, une femme de 32 ans, dont le corps avait été retrouvé à Villejuif, dans la banlieue sud de Paris.

C’est là que Sid Ahmed Ghlam projetait d’attaquer une ou deux églises. Selon des sources judiciaires, il a tenté de voler la voiture de la jeune femme pour concrétiser son projet.

Présenté vendredi à des juges antiterroristes parisiens, il a été mis en examen (inculpé) en fin de journée, bien qu’il "conteste vigoureusement tous les faits qui lui sont reprochés", selon un de ses avocats.

Un magistrat spécialisé l’a placé dans la nuit de vendredi à samedi en détention provisoire.

Pendant ses cinq jours de garde à vue, le jeune homme, dont la radicalisation avait été signalée aux services de renseignement français dès le printemps 2014, s’est montré "peu disert, mais il s’est exprimé sur certains points", a reconnu un autre de ses avocats.

Il est "dans une attitude étrange" : il a la "volonté de parler" mais il est "comme mû par une force l’obligeant à ne rien dire", a raconté une source policière.

Même mutisme de la part d’une de ses proches, âgée de 25 ans, qui a été remise en liberté vendredi trois jours après son interpellation à Saint-Dizier (est), où est installée la famille de Sid Ahmed Ghlam.

Devant les policiers, cette femme qui porte la burqa s’est montrée "peu bavarde" et a nié que le jeune homme ait eu des velléités de se réfugier chez elle sitôt ses crimes perpétrés, ou voulu l’épouser, ont déclaré des sources policières.

– ‘Sous la coupe" de commanditaires –

Les enquêteurs ont relevé dans leur entourage un phénomène de "radicalisation" récente mais "assez banale". Sid Ahmed Ghlam avait notamment exprimé sur Facebook son souhait de se rendre en Syrie pour y faire le jihad.

Plus étonnante, ont expliqué les sources policières, est la tutelle que semblent avoir exercé une ou plusieurs personnes sur lui. C’est "même la première fois", selon les enquêteurs, qu’est révélé en France un projet d’attentat "télécommandé à distance" par "un ou deux mystérieux" hommes établis vraisemblablement en Syrie et lui ayant "ordonné clairement" de frapper des églises.

Les enquêteurs mettent par ailleurs en exergue le "comportement sectaire" du jeune Algérien, qui avait décroché sur le plan scolaire en juin 2013 mais était resté inscrit à l’université.

"Il semblait littéralement sous la coupe" de ses mystérieux commanditaires, relèvent les sources policières. Ils lui ont indiqué où et comment se procurer un arsenal – fusils d’assaut Kalachnikov, pistolets, gilets pare-balles… – découvert par la police.

Une voiture volée, où il avait trouvé les armes, a été découverte mercredi à Aulnay-sous-Bois, dans le nord de Paris, et est passée depuis au peigne fin. Ce sont les commanditaires présumés de Sid Ahmed Ghlam qui lui ont indiqué où trouver la clé du véhicule, toujours selon des sources policières.

Les enquêteurs ont aussi mis la main sur une imposante "masse de données informatiques" dont des "messages cryptés" entre lui et la jeune femme de Saint-Dizier. Tout était "fait pour éviter de se faire repérer", mais les enquêteurs espèrent "mettre au jour des noms".

Il leur faut trouver rapidement d’éventuels complices. Des traces ADN ont "donné des résultats", ont affirmé ces sources.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé les autorités à renforcer la "vigilance" près des églises dès samedi.

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