Le retour de l’Iran, le cauchemar de l’Arabie saoudite

Par Mustapha Tossa

L’encre avec lequel le compromis sur le nucléaire iranien n’a pas encore séché que déjà bruit sur toutes les colonnes de la presse mondiale cette lourde interrogation: qui sont les gagnants et les perdants de cet accord ? Les plumes des éditorialistes tournoient dans tous les sens pour se fixer sur un seul pays considéré comme le grand perdant de cette réconciliation américano-iranienne qui ne veut pas encore dire son nom.

Et pour cause, le royaume saoudien avait mobilisé toutes ses énergies pour torpiller cet accord. Il s’est offert le soutien fort opportun d’une grande capitale comme Paris pour transmettre ses inquiétudes et ses angoisses. Il s’est même trouvé un allié inattendu en la personne du premier ministre Israélien Benyamin Nethanyahou qui avait usé et abusé de sa capacité de nuisance à Washington pour avorter le compromis de Viennes. Et pourtant devant la volonté déterminée de Barack Obama de conclure ce qu’il peut considérer comme sa magistrale réalisation en politique étrangère, l’accord a vu le jour, non sans avoir sur-joué une dramaturgie autrichienne pendant 17 jours Hitchcockiens destinée à souligner les dangers du fils de rasoir et les douleurs de la césarienne.

Au lendemain de cet accord, l’Arabie saoudite s’est trouvé dans la posture d’un boxeur KO debout. Son éternel rival iranien peut parader et exhiber les joies de sa victoire. L’amertume saoudienne provient du fait que ce qui est considéré par les américains comme une victoire, notamment empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire, est loin de satisfaire le minima rêvé des autorités saoudiennes. Pour Ryad cet accord permet deux objectifs tout aussi dangereux. Le premier est que cela implique la sortie de l’Iran de "l’axe du mal" américain , du "cercle satanique" international. Le second est que cette situation va permettre à l’Iran de recevoir des milliards de dollars susceptibles de renforcer sa capacité de nuisance et ses appétit de domination.

L’Arabie saoudite se trouve donc dans l’obligation de revoir l’ensemble de sa stratégique régionale, de restructurer les réseaux de ses alliés. Elle doit le faire toute en subissant une vague de critiques à peine feutrées en provenance de Barack Obama, l’allié intime américain. Lors de sa récente interview avec Thomas Friedman du New-York Times, le president américain a encore mis du fiel dans sa relation avec les pays du golfe en insistant sur les défaillances de leur gouvernance, plus dangereuses pour leur pays que ne l’est un Iran réconcilié avec la communauté internationale.

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