Le rabibochage Sarkozy-Villepin intrigue

Il était, disait-il, au Palais de Justice de Paris par « l’acharnement d’un homme », Nicolas Sarkozy. Cinq ans après l’affaire Cleastream, Dominique de Villepin se rabiboche avec son ancien ennemi juré et accepte, à la stupeur générale, d’intégrer le comité des ex-Premiers ministres voulu par le nouveau patron de l’UMP.

L’ancien chef du gouvernement de Jacques Chirac (2005-2007) s’est dit mardi auprès de l’AFP "prêt à participer à tout ce qui peut contribuer au rassemblement" en vue d’"une véritable alternance".

Il est même d’accord pour reprendre sa carte à l’UMP… Avant l’été, sa petite phrase sur le fait que Nicolas Sarkozy était "une des solutions possibles pour la présidence de l’UMP" car l’un des "très rares" à pouvoir rassembler la droite avait médusé les observateurs politiques, encore marqués par leur haine réciproque.

"Ca revient de loin!", commente l’ancien député François Goulard, un temps compagnon de route de "DDV" comme il est parfois surnommé, au temps de l’aventure du parti "République solidaire" (RS) aujourd’hui mis en sommeil. Et M. Goulard a beau réfléchir, depuis son Morbihan, il a du mal à trouver "une explication qui tienne la route".

Celle qui consiste à dire que l’ancien Premier ministre, l’homme du discours à l’ONU sur la guerre en Irak, "s’ennuie" et veut "refaire de la politique" ne "convainc pas" M. Goulard. "Il aurait pu écrire un nouveau livre par exemple", imagine-t-il. D’autant que Dominique de Villepin, à la tête de "Villepin International", domicilé rue Fortuny dans le XVIIe, semblait plutôt se consacrer à son activité d’avocat d’affaires qu’à la politique.

Pour Jean-Pierre Grand, fidèle d’entre les fidèles, il n’y a pas matière à s’étonner de ce rabibochage entre deux frères ennemis: "l’UMP c’est sa famille et c’est un homme d’État, il place l’intérêt général au-dessus de tout". Tout au plus acte-t-il que la démarche est "originale". Idem pour Marie-Anne Montchamp qui l’a côtoyé un moment au sein de RS avant de succomber aux sirènes sarkozystes en devenant en 2010 sa secrétaire d’État. "Nous avons deux hommes d’État partageant un certain nombre de choses sur l’analyse de notre pays", dit-elle.

Oublié donc le "croc de boucher" auquel Sarkozy voulait pendre son rival au plus fort de la retentissante affaire Clearsteam, conclue par une relaxe pour Villepin. Oubliées aussi pour Sarkozy les longues minutes d’attente à la terrasse pendant qu’un Villepin athlétique sortait de l’eau après un bain de mer matinal à La Baule devant les photographes. Une scène d’ailleurs reprise dans le film "La Conquête".

Depuis la rentrée, plusieurs sources UMP chuchotaient que ce rapprochement serait lié en fait à des intérêts réciproques avec le Qatar. "Je n’ai jamais eu aucun contrat avec le Qatar", a affirmé Dominique de Villepin.

"Ce n’est pas sérieux, c’est presque malveillant!", réagit M. Grand, qui le voit souvent. "Si c’est cela, ils auraient eu intérêt à rester dans l’ombre", note M. Goulard, peu convaincu par cette explication. Et l’éventuelle promesse de retrouver le Quai d’Orsay comme on le susurre aussi à droite en cas de victoire de Nicolas Sarkozy en 2017? "Je n’aspire à rien, je ne veux rien, je ne veux pas de poste. C’est ce qui fait l’indépendance de la position qui est la mienne".

En revanche, il peut y avoir des "arrières pensées politiques", souligne Mme Montchamp en rappelant que DDV a "caressé l’idée d’être candidat à la présidentielle" en 2012. Pour Jean-Pierre Grand d’ailleurs c’est bien simple, c’est le "seul" actuellement à "avoir un programme présidentiel". Mais Villepin, lui, "exclut totalement" d’être candidat à la primaire de 2016.

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