Le patriarche copte d’Egypte Chenouda III est décédé

Le chef de l’église copte orthodoxe, le patriarche Chenouda III, est décédé à l’âge de 89 ans, a annoncé samedi la télévision d’Etat égyptienne. Les causes de sa mort n’ont pas été précisées dans l’immédiat mais le chef de la plus importante église chrétienne d’Orient souffrait de problèmes de santé depuis de nombreuses années.

Baba Chenouda, comme il était appelé, dirigeait l’une des principales et plus anciennes églises chrétiennes d’Orient, remontant à l’époque de Saint-Marc, qui aurait amené le christianisme en Egypte au 1er siècle, du temps de l’empereur romain Néron.

Pour les quelques dix millions de Coptes, Chenouda, chef charismatique et autorité morale, était le protecteur de cette minorité vivant au sein d’une majorité musulmane dans cette Egypte de plus de 80 millions d’habitants. Une cohabitation souvent malaisée dans un contexte de discrimination et d’islamisation croissante de la société.

Depuis la chute de Moubarak l’année dernière et l’émergence des fondamentalistes dans l’Egypte post-Moubarak, l’inquiétude va croissant au sein de la minorité chrétienne. Les églises coptes ont été prises pour cible, et une manifestation de chrétiens a été réprimée dans le sang au Caire, faisant 27 morts.

A la tête de l’église copte depuis 1971, le très conservateur Chenouda ne s’était opposé qu’une seule fois avec virulence au régime: en 1981, le président Anouar el Sadate l’avait envoyé en résidence surveillée au monastère de Wadi Natrun pour avoir reproché au gouvernement de ne pas lutter contre les islamistes.

Ce n’est qu’en 1985 que Moubarak, qui avait succédé à Sadate assassiné également en 1981, autorisa Chenouda à regagner Le Caire.

Pendant les années 90, les islamistes lancèrent une campagne terroriste en Haute-Egypte, dont une des cibles, outre le tourisme et la police, était la population chrétienne. Avant que la répression menée par le régime n’y mette un terme.

Ces six dernières années, les affrontements entre chrétiens et musulmans ont explosé à plusieurs reprises: en 2000, le soir du Nouvel An, 21 Coptes et un musulman ont été tués dans le village d’el-Kusheh.

Alexandrie, la grande cité du nord du pays, a été par deux fois théâtre de sanglantes émeutes, en 2005 puis en 2006. Autre épisode, les manifestations qui suivirent en 2004 l’affaire de Wafa Constantine, épouse d’un prêtre copte qui s’enfuit et se convertit à l’islam, avant de regagner le giron et de l’église et du foyer.

De sources informées, on précsait que la lutte pour la succession de Chenouda avait déjà commencé au sein de la hiérarchie copte, opposant deux dauphins potentiels, les archevêques Bishoy et Johannes.

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