Le pape appelle Cuba à une plus grande ouverture

Accueilli par des dizaines de milliers de personnes, François plaide en faveur d’une ouverture accrue de l’île vis-à-vis de l’Église et des États-Unis.

"Nous voulons aujourd’hui renouveler ces liens de coopération et d’amitié pour que l’Église continue d’accompagner et d’encourager le peuple cubain dans ses espérances et dans ses préoccupations, dans la liberté et avec les moyens" de mener à bien sa mission, a déclaré le souverain pontife, âgé de 78 ans, devant le président Raúl Castro. Peu après son arrivée à l’aéroport José Marti de La Havane, le pape François a fait un bref discours dans lequel il a demandé des "moyens" pour que l’Église puisse agir "dans la liberté" sur l’île.

Juste après son discours, François a parcouru à bord d’une "papamobile" les 18 kilomètres séparant l’aéroport de la nonciature apostolique (ambassade) sous les vivats de dizaines de milliers de personnes venues le saluer. Beaucoup brandissaient des portraits du pape et des fanions aux couleurs de Cuba, ainsi que des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les mots : "Francisco, te queremos" ("François, nous t’aimons"). "C’est un homme qui essaie de dire au monde qu’il y a tant de pauvreté. Il faut le respecter et le chérir", déclarait notamment Diego Hernandez, un retraité de 72 ans.

Un rôle décisif dans le rapprochement

L’étape cubaine est la première d’un déplacement de huit jours qui conduira Jose Bergoglio aux États-Unis, où il se rend pour la première fois également : Washington, New York et enfin Philadelphie. Au sujet du rapprochement cubano-américain, dans lequel le pape a joué un rôle décisif, François a "encouragé" Cubains et Américains à "continuer sur ce chemin et à développer toutes leurs potentialités".

Dans une brève déclaration à la presse au cours de son voyage, François avait auparavant affirmé aux journalistes que "le monde" était "assoiffé de paix", appelant ces derniers à "construire chacun des petits ponts pour édifier le grand pont de la paix". Dans son discours, il s’est de nouveau saisi de ce thème, appelant à éviter "une troisième guerre mondiale par morceaux", selon lui en train de se produire. Pour sa première visite sur l’île, le premier pape latino-américain de l’histoire sera jusqu’à mardi à La Havane, Holguin et Santiago.

Une messe place de la Révolution

C’est la troisième fois qu’un pape visite Cuba en 17 ans, après Jean Paul II (1998) et Benoît XVI (2012). Un traitement privilégié pour un petit pays, dont 10 % de la population se revendique catholique, même si le nombre des baptisés est bien plus important, beaucoup mélangeant cultes afro-cubains et catholicisme.

Son grand rendez-vous de dimanche avec les Cubains sera la messe sur la place de la Révolution à La Havane, avant sa rencontre avec le président Raúl Castro. Une entrevue avec le vieux "lider maximo" Fidel Castro pourrait aussi avoir lieu le même jour. François a d’ailleurs demandé dans son discours de samedi à Raúl Castro de "transmettre ses sentiments de considération particulière et de respect" à son frère Fidel.

Après la capitale, le pape se rendra dans d’autres lieux symboliques : il bénira ainsi d’une colline, la Loma de la Cruz, la ville d’Holguin, fondée par un conquistador espagnol au XVIe siècle. À Santiago, le grand port tout à l’ouest de l’île, il rencontrera les évêques et récitera une prière pour l’avenir de Cuba au sanctuaire de la Virgen de la Charité del Cobre, une Vierge vénérée au-delà des milieux catholiques.

Les droits de l’homme en question

La chaleur de l’accueil et l’amnistie pour plus de 3 500 détenus annoncée à l’occasion de cette visite n’empêchent pas la persistance de difficultés au niveau des droits des institutions catholiques, notamment des écoles. Avant la visite, dans un entretien avec la chaîne de télévision du Vatican CTV, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État et numéro deux du Vatican, a espéré que la libéralisation économique attendue, après la levée de l’embargo américain imposé à Cuba depuis 1962, "puisse conduire aussi à une plus grande ouverture du point de vue des droits de l’homme". Certaines voix se sont élevées pour déplorer qu’avec la réconciliation entre l’Église et le régime castriste, les dissidents ne soient plus aussi écoutés. Le pape ne prévoit en effet pas de les recevoir séparément.

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