« Le nouveau round des pourparlers informels » (Par Sadafa ould Mhamed ould Bahia*)

Brûlés par le début de canicule en ce début d’été précoce, souvent exposés à des tempêtes de sable qui trompent la météo et la vigilance de nomades, les réfugiés planifient de plus en plus leurs vacances hors des campements. Comme d’habitude, les nantis cibleront des destinations classées touristiques ou pourvues d’un climat doux. Les autres, aux maigres ressources, s’offrent de petites virées dans notre proximité. La majorité, à raison de conditions économiques minimales ou par choix, restera sur place. Mais l’effet certain de la consolation du nouveau round et le résultat que rapporterait la délégation aux pourparlers, seront au menu d’interminables cérémonials de thé durant la période estivale.

L’autre rendez-vous- et non des moindres- aura moins d’impact car vidé de son contenu: la conférence nationale sur la jeunesse (9-11 juin) abordera en premier lieu l’encadrement de cette importante couche de la société. Les délégués qui y participeront- à moins d’une improvisation de dernière heure, dictée par une maladresse ou par une humeur- seront triés sur le volet. En effet, les documents de ladite conférence imposent des critères de sélectivité. Les promoteurs envisagent définir une politique de la jeunesse sur la base d’un document préparé par le ministère de tutelle. Les exclus : les signataires du manifeste pour les réformes, les jeunes non violents qui manifestent devant le siège de la présidence à Chahid el Hafed le cinq de chaque mois et les centaines de chômeurs sans attache précise. Il faut aussi y ajouter ceux qui sont invités à chaque conférence et ne lèvent jamais le petit doigt !

Pour les sahraouis non tenus d’imiter le discours officiel, la délégation à Manhasset devrait avoir un grand challenge. La dimension humaine ne doit certainement pas lui échapper ; ses souhaits et son pragmatisme; ses appréciations de la situation.

Le vœu collectif est bien sûr que le Maroc accepte le référendum, qu’il soit acculé par la dynamique du printemps arabe dont Gdeim Izik a été le signe précurseur ( ? ) ou parce que la France a obtenu des marchés juteux chez nos frères et, par conséquent, le soutien à l’autonomie s’est lézardé au point que le Président Sarkozy, assagi, privilégie désormais sa prochaine échéance électorale et le business; qu’un mécanisme onusien de protection du quatrième pilier des Nations Unies, les droits de l’Homme, soit instauré rapidement des deux côtés du mur .

L’autre attente qui habite les esprits est que les négociateurs trouvent la énième parade pour que tous les sahraouis tournent le regard vers la future énième rencontre. Les contours de leur message seront sans doute calqués sur les précédents; un mélange de détails et de certitudes subjectives ou une redite évoquant le cliquetis des armes.

Une idée assez véhiculée pourrait donner du tonus à la future rencontre: revoir à la hausse la composition de la délégation sur la base de critères complémentaires; pourquoi pas un Mohamed Lemine ould Bouhali avec sa riche expérience et sa combativité, Hama Salama pour son intégrité, Bechir Moustafa Sayed pour son intelligence et sa témérité, Ould Sidati pour sa prudence et ses compétences…

Quant au deuxième thème évoqué dans des cercles restreints, suggéré par des observateurs avertis, amis ou non de la cause, il fait son chemin. Envisager des concessions douloureuses ça se murmure. Au nom du printemps arabe, du Maghreb ou de la realpolitik. Préparons nous donc à toutes les éventualités.

Entre-temps le cérémonial de thé sera donc assez bruyant durant l’été. "Chtarri ?" (quoi de neuf) sera la question reposée sans cesse. "Ma tarri chi" (rien de neuf), répond l’interlocuteur en guise de préambule. Il voulait dire assez de réunions mais pas encore de substance.

* Représentant désigné pour la Pologne

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