Le « mur des cons » du Syndicat français de la magistrature suscite l’indignation

Le Syndicat de la magistrature (SM) a créé la polémique depuis mardi avec son « mur des cons ». Sur celui-ci sont épinglés les têtes de personnalités politiques, surtout de droite, de journalistes et d’intellectuels.Sur ce trombinoscope fait maison, on retrouve notamment les visages de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Jacques Attali, Nadine Morano, Michèle Alliot-Marie, mais aussi le magistrat Philippe Courroye, le criminologue Alain Bauer, Bernard Laporte, Alain Minc et le journaliste David Pujadas. Certains ont même été rebaptisés par des surnoms chocs. Ainsi l’ex-ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, affublé d’un autocollant Front national sur le front, est « l’homme de Vichy », quand le magistrat Philippe Courroye est qualifié de « Fossoyeur du 92 ». Parmi les photos collées pêle-mêle, une inscription prévient les syndiqués : « Avant d’ajouter un con, vérifiez qu’il n’y est pas déjà. »

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Un défouloir, une action de potache

C’est la publication de ce panneau, installé dans le local du SM à Paris, par le site Atlantico qui a sucité un déchaînement de protestations. "Ce mur a été fait à une ancienne époque, sous l’ère Sarkozy, où les magistrats étaient attaqués de toutes parts", a tenté de relativiser Françoise Martres, la présidente du SM. "Ce sont des images prises à notre insu dans un lieu privé, notre local syndical, qui n’est pas accessible au public", a-t-elle ajouté, en qualifiant ce mur de "défouloir" et d’action de "potache".

Mais le monde politique a vivement condamné cette intiative. Dénonçant une "liste noire" qui "peut faire craindre la mise en place d’une justice politique", Bruno Beschizza, secrétaire national de l’UMP chargé de l’emploi des forces de sécurité, dit avoir reçu "avec dégoût et effarement" ces images. "Ce pilori judiciaire pourrait faire sourire s’il n’était pas organisé par des magistrats ayant prêté serment, qui mettent en examen, jugent et condamnent", écrit-il dans un communiqué. Par ailleurs, Christiane Taubira, la ministre de la Justice, devait être interrogée ce mercredi après midi "par des parlementaires pour saisine du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)", précise-t-il.

"On est toujours le con de quelqu’un"

De son côté, Christian Jacob, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a écrit ce matin à François Hollande pour lui demander ce qu’il comptait faire pour que le CSM soit saisi. Sur Twitter, Nadine Morano estime que le "mur des cons" illustre "le déshonneur et le vrai visage" du SM, classé à gauche. Pour le vice-président du FN, Louis Aliot, "se pose clairement aujourd’hui la question de la dissolution de ce syndicat subversif contraire aux principes démocratiques élémentaires".

Dans le monde judiciaire, Christophe Régnard, président de l’Union syndicale des magistrats (majoritaire), a exprimé sur Twitter sa "surprise attristée d’être sur le mur des cons". "On est toujours le con de quelqu’un, dit la maxime", philosophe-t-il, tout en ajoutant: "La magistrature n’a pas besoin de ça". L’instiut pour la Justice (IPJ), classé à droite, dont le secrétaire général Xavier Bébin est également placardé sur le mur, demande "la dissolution" du SM. L’IPJ "n’a pas de mots pour qualifier l’indécence morale de la présence" sur ce mur du "père de Pascale, violée et assassinée par Guy Georges", ajoute l’association.

La police n’est pas épargnée non plus. Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers, dénonce "l’existence d’un tableau de chasse établi par les magistrats" et s’interroge sur "l’impartialité de la justice". "Je me réserve de porter plainte pour injure", annonce-t-il. Robert Ménard, ex-président de Reporters sans frontière, a lui aussi indiqué qu’il porterait plainte pour " injures " après avoir découvert son portrait.

Le SM, deuxième syndicat de magistrats, s’était déjà attiré des critiques à droite pendant la campagne présidentielle de 2012 pour avoir appelé à voter contre Nicolas Sarkozy.

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