Le maire FN de Hayange fixé sur une éventuelle inéligibilité

Les comptes de campagne irréguliers du frontiste vont-ils lui coûter son fauteuil de maire de Hayange (Moselle)? La justice se prononce vendredi sur le sort de l’ancien syndicaliste CGT, qui se dit victime d' »adversaires rancuniers » et des médias. Devant le tribunal administratif de Strasbourg, la rapporteure publique, dont l’avis est souvent suivi, a préconisé mardi une année d’inéligibilité pour sanctionner « un manquement d’une particulière gravité à la loi électorale ».

Fabien Engelmann, 35 ans, ancien cégétiste rallié au Front national, avait fini en mars en tête du second tour des élections municipales avec 34,7% des suffrages devant le maire socialiste sortant, Philippe David. Mais en octobre, la commission nationale des comptes de campagne a rejeté ses comptes puis transmis le dossier à la justice administrative.

La rapporteure publique s’est notamment attardée mardi sur les 1.575 euros de frais de création et d’impression de tracts électoraux, que le candidat aurait omis d’intégrer à ses comptes de campagne, dont le total déclaré s’élevait à quelque 12.000 euros. La somme aurait été avancée par une colistière, son ex-première adjointe Marie Da Silva aujourd’hui entrée en dissidence. Mais pour Fabien Engelmann, il s’agit d’une "erreur technique" et non d’une "fraude" comme l’en accuse Mme Da Silva. "M. Engelmann ne peut se prévaloir que les paiements auraient été effectués à son insu par sa colistière, car il n’apporte aucun élément pour corroborer" cette thèse, a estimé mardi la magistrate Guénaëlle Haudier.

Elle a aussi souligné d’autres irrégularités dans ses comptes de campagne, portant la somme totale non déclarée à 1.939 euros, soit 14,22% du total de ses dépenses. Or, dans une affaire similaire, un candidat avait été déclaré inéligible pour n’avoir pas intégré à ses comptes 14,6% de ses dépenses, a-t-elle dit.

"Mon honneur a été bafoué"

L’inéligibilité d’un an qu’elle a préconisée n’entrerait pas en vigueur immédiatement, Fabien Engelmann ayant l’intention, le cas échéant, d’épuiser tous les recours possibles jusqu’au conseil d’Etat. Si la décision venait à être confirmée en appel, l’élu serait poussé à la démission mais cela n’entraînerait pas automatiquement de nouvelles élections. Le conseil municipal, où ferait son entrée à la place du maire déchu le premier non élu de sa liste, devrait alors se réunir pour choisir un nouveau maire.

Fabien Engelmann, qui n’a pas souhaité être assisté par un avocat, a fait valoir devant le tribunal sa "sincérité" et sa "bonne foi". "Mon honneur a été bafoué par des adversaires rancuniers ou des opposants reniant leurs engagements à mes côtés", a-t-il déploré au lendemain de l’audience. "Les médias n’ont pas hésité à m’accuser de tous les maux: fraudeur, magouilleur, tricheur, incapable", a accusé le conseiller politique au dialogue social de Marine Le Pen, qui dit avoir porté plainte contre Mme Da Silva, Libération et le site internet Lor’actu, notamment pour "atteinte à la vie privée" et "diffamation".

"Je n’ai trompé personne, ni magouillé, ni fraudé l’Etat et encore moins les habitants de la ville", a ajouté le maire, qui bien qu’évincé du bureau politique du FN fin novembre, se prévaut du soutien de Mme Le Pen. Mais les polémiques à répétition à Hayange font aussi grincer des dents dans les instances dirigeantes du FN. Plusieurs cadres du parti critiquent ainsi en privé Fabien Engelmann, s’inquiétant de sa gestion de sa ville de près de 16.000 habitants, sinistrée depuis la crise de la sidérurgie lorraine. Outre la procédure devant la justice administrative, les comptes de campagne du maire sont visés par une enquête préliminaire du parquet de Thionville, ouverte en septembre à la suite d’une plainte de Mme Da Silva.

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