Le gouvernement libyen tente de résister aux milices

Le gouvernement libyen tente de résister aux milices
Le gouvernement libyen tente de résister à la pression de milices qui réclament désormais le départ du premier ministre Ali Zeidan et d’autres responsables du pays, dans un climat de forte tension politique.

Le ministre de la Défense, Mohamed al-Barghathi, semble avoir été le premier à céder à la pression en annonçant mardi sa démission, avant que le chef du gouvernement ne le convainque de renoncer à sa décision.

«Je me trouve contraint (…) de présenter ma démission volontairement et sans hésitation», a déclaré le ministre en début d’après-midi devant des journalistes.

«Je n’accepterai pas que la politique soit exercée par la force des armes dans notre nouvel État», a-t-il dit.

Cette annonce est survenue alors que des groupes armés encerclent depuis une semaine les ministères des Affaires étrangères et de la Justice.

Sous leur pression, le Congrès général national libyen (CGN), la plus haute autorité du pays, a adopté une loi sur l’exclusion politique des anciens collaborateurs et responsables de l’ancien régime.

Ce texte, qui devrait entrer en vigueur dans un mois, pourrait concerner M. Barghathi, car celui-ci était commandant des forces de l’armée de l’air du temps du dictateur déchu Mouammar Kadhafi.

Mais le ministre a finalement décidé, deux heures plus tard, de rester à son poste à la suite d’une intervention du premier ministre.

«Le chef du gouvernement a demandé au ministre de la Défense de renoncer (à sa démission)», a expliqué le gouvernement dans un communiqué. «Le ministre a fait part de sa compréhension, tenant compte des circonstances que traverse le pays, et affirmé qu’il continuait dans ses fonctions».

Les autorités ont échoué à former une armée et une police depuis la fin de la révolution ayant conduit à la chute du régime Kadhafi, en octobre 2011, et les milices armées font depuis la loi dans le pays.

Le chef d’état-major remplacé

Alors que le chef d’état-major Youssef al-Mangouch a été régulièrement accusé d’être responsable du retard dans la formation d’une armée, le Congrès a décidé mardi de le remplacer, a-t-on appris auprès de plusieurs députés.

«Nous nous sommes fixé une période d’un mois pour (le) remplacer», a précisé à l’AFP l’une des parlementaires, Mejda Fallah.

Les miliciens qui cernent les ministères des Affaires étrangères et de la Justice entendaient initialement faire pression sur le CGN pour que celui-ci adopte la loi sur l’exclusion politique.

Mais après l’adoption dimanche de ce texte, certains d’entre eux réclament désormais le départ du chef du gouvernement.

«Nous sommes des thowars (révolutionnaires) et nous voulons corriger le processus de la révolution», a affirmé l’un d’eux, Mohamed Ben Neema, déplorant la marginalisation par le gouvernement des ex-rebelles ayant combattu les forces kadhafistes.

Mardi, une dizaine de véhicules armés de canons anti-aériens et de lance-roquettes encerclaient le ministère des Affaires étrangères, devant lequel des protestataires se sont installés dans une tente, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Devant le ministère de la Justice, la plupart des protestataires ont quitté les lieux, mais cinq hommes armés gardaient toujours leurs positions devant le bâtiment.

«Après l’adoption de la loi sur l’exclusion politique, nous avons atteint notre but. Nous attendons juste un responsable du ministère pour lui remettre officiellement le bâtiment», a indiqué l’un d’eux.

Interrogé par l’AFP, le ministre de la Justice, Salah al-Marghani, a précisé que «les fonctionnaires ne retourneront pas au ministère tant que des armes s’y trouvent». Selon lui, «deux véhicules armés de canons anti-aériens se trouvent toujours à l’intérieur du ministère».

M. Marghani a ajouté que «si cette situation de siège continue», le ministère pourrait déménager dans «une autre ville plus sécurisée».

Certains observateurs et politiciens libyens accusent des islamistes d’être derrière les mouvements de protestation armés, en vue d’exclure leurs rivaux libéraux du pouvoir.

L’Alliance des forces nationales (AFN), qui a gagné les législatives du 7 juillet, estime par exemple que la loi sur l’exclusion politique a été faite sur mesure pour écarter son chef, Mahmoud Jibril.

Ce dernier avait travaillé avec l’ancien régime notamment durant les dernières années du règne de Kadhafi, avant de se ranger du côté de l’opposition en 2011 et de devenir le premier ministre du premier gouvernement de la rébellion.

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