Le foot mondial en plein chaos, Blatter et Platini suspendus

Le chaos est total à la tête du foot mondial:Sepp Blatter et Michel Platini ont été suspendus jeudi pour 90 jours par la commission d’éthique de la Fifa et le glas des ambitions de l’ancien capitaine des Bleus à la présidence de l’instance suprême a peut-être sonné.

Tous deux entendus fin septembre par la justice suisse, Blatter (comme prévenu) et Platini (comme témoin assisté) ont été condamnés jeudi par la commission d’éthique de la Fifa à une suspension de toute activité liée au football au niveau national ou international, à titre conservatoire, de 90 jours, avec prise d’effet immédiat, pouvant être étendue de 45 jours supplémentaires.

"Le président Blatter est déçu que la Commission d’éthique n’ait pas suivi le code d’éthique et le code disciplinaire" qui offrent à une personnalité mise en cause la possibilité "d’être entendue", a réagi le Suisse dans un communiqué de ses avocats suisse et américain. Selon le texte, la Commission a basé sa décision sur "une mauvaise interprétation" de l’action engagée par la justice suisse contre le président de la Fifa.

Dans le même temps, la commission, véritable tribunal de la Fifa, a suspendu le Sud-Coréen Chung Mong-joon, également candidat à la présidence de la Fifa, pendant 6 ans. Et le secrétaire général de la Fifa, le Français Jérôme Valcke, soupçonné d’être impliqué dans un trafic de billets au marché noir et déjà relevé de ses fonctions, a lui aussi été suspendu à titre conservatoire pendant 90 jours.

La mise à l’écart de Platini est un véritable coup de tonnerre, car elle pourrait entraver l’actuel président de l’UEFA, considéré comme le favori à l’élection prévue le 26 février pour désigner un successeur à Blatter.

Cependant, tout n’est peut-être pas fini pour l’ancien capitaine des Bleus. "La candidature de Platini n’est pas automatiquement écartée, la commission électorale décidera", a en effet précisé la commission d’éthique, interrogée par l’AFP.

De plus, Platini avait pris les devants jeudi matin, indiquant dans un communiqué avoir effectué les démarches pour "déposer" sa candidature à la présidence. L’ancienne star de la Juventus a ainsi "adressé" jeudi matin "les lettres de soutien requises pour pouvoir déposer (s)a candidature à la présidence de la Fifa".

– Obstacle infranchissable ? –

Le Français qui peut théoriquement contester sa suspension devant la commission de recours de la Fifa puis devant le Tribunal arbitral du sport, devra en tout état de cause surmonter un autre obstacle: celui de la commission électorale de la Fifa qui a le pouvoir de déclarer inéligible un candidat en vertu de plusieurs critères, dont celui de l’intégrité.

Or, quelle commission mène cette enquête d’intégrité? La commission d’éthique qui vient de le suspendre. "D’un point de vue légal, Platini peut encore se présenter, confirme une source proche de la Fifa. Mais il doit passer le test d’intégrité de la Commission d’éthique gérée par ceux qui viennent de le suspendre…"

Sepp Blatter, 79 ans, président de la Fifa depuis 1998, est l’objet d’une procédure pénale ouverte par la justice suisse. Il est accusé d’avoir "signé un contrat défavorable" à la Fifa avec l’Union caribéenne de football. Le Suisse aurait vendu très en-dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014. Le président démissionnaire est poursuivi dans le même cadre judiciaire pour un versement en 2011 de 2 M CHF (1,8 M EUR) à Michel Platini, président de l’UEFA.

– Election remise en cause ? –

Valcke a lui été accusé par un prestataire de la Fifa d’être impliqué dans une revente de billets au marché noir. Quant au Dr Chung, on lui reproche d’avoir voulu favoriser la Corée du Sud dans l’attribution du Mondial-2022, finalement octroyé au Qatar. De son propre aveu, il était sous la menace d’une suspension de 19 ans.

Les mises à l’écart définitive de Chung et provisoire de Platini ne laissent plus sur le terrain que des postulants de second ordre, comme le prince jordanien Ali bin Al Hussein, l’ancienne star du football brésilien Zico ou encore le président de la Fédération du Liberia Mussa Bility.

Un outsider pourrait toutefois se déclarer: le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela, nommé récemment à la tête du Comité de surveillance de la Fifa pour Israël et la Palestine.

Cette nouvelle secousse tellurique sur la Fifa pourrait-elle aller jusqu’à remettre en cause la tenue de l’élection présidentielle le 26 février? "Ce sera décidé très prochainement", a indiqué à l’AFP un proche collaborateur de Blatter.

Pour une autre source familière du fonctionnement de la Fifa, au contraire, "la Fifa a plus que jamais besoin d’une élection avec des candidats qui présentent un programme et avec un vrai débat public sur son avenir et sur l’avenir du football". En attendant, le président par intérim de la Fifa est désormais Issa Hayatou, patron du foot africain depuis 1988, grâce à son ancienneté dans la gouvernance du foot mondial.

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