Le flot des réfugiés syriens grossit à la frontière turque, toujours fermée

Le flot des civils syriens contraints à l’exode pour échapper à l’offensive sur la ville d’Alep des troupes du régime de Damas, soutenues par la Russie, a encore grossi samedi devant le poste-frontière turc d’Oncupinar, pour l’heure toujours fermé.

De 30 à 35.000 personnes ont rejoint les environs de la ville syrienne d’Azaz, proche de la Turquie, au cours des dernières quarante-huit heures, a affirmé à la mi-journée à la presse le gouverneur de la province turque de Kilis, Suleyman Tapsiz.

"La Turquie est prête à faire face à une situation d’urgence", a assuré M. Tapsiz, de retour d’une visite d’inspection à Bab al-Salama, face à Oncupinar. "Mais il n’en est pas question pour l’instant, les nouveaux arrivants sont accueillis dans des camps du côté syrien de la frontière", a-t-il ajouté.

Selon les derniers chiffres fournis vendredi par l’ONU, 20.000 personnes se bousculent déjà dans les rues de Bab al-Salama.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a estimé à près de 40.000 le nombre des civils contraints depuis lundi à l’exode par les combats. Le gouverneur de Kilis a évoqué la "possibilité" que cette vague atteigne 70.000 personnes.

Depuis vendredi, l’ONG islamique turque IHH a été autorisée à franchir la frontière pour apporter de l’aide d’urgence.

Samedi encore, les camions aux couleurs de cette association, célèbre pour avoir affrété une flottille violemment stoppée par l’armée israélienne au large de Gaza en 2010, se sont rendus côté syrien, a constaté une journaliste de l’AFP.

De nombreux civils, hommes, femmes et enfants alourdis de baluchons, ont continué à arriver samedi dans les rues de Bab al-Salama, a constaté un photographe de l’AFP. Des dizaines d’entre eux se pressaient en files compactes pour récupérer une tente, des couvertures ou des rations alimentaires.

"Prêts pour le pire scénario"

Huit camps ont été dressés en urgence autour de la ville d’Azaz aux abords de la frontière turque pour les civils contraints à l’exode, selon le gouverneur de Kilis. Un neuvième était en cours d’installation, a ajouté M. Tapsiz.

Les autorités turques ont également commencé à installer de nouvelles tentes dans un camp situé près du poste-frontière d’Oncupinar afin de faire face à un éventuel nouvel afflux de réfugiés syriens sur le territoire turc.

A Amsterdam, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a suggéré que son gouvernement pourrait bientôt laisser entrer les réfugiés.

"Nous maintenons toujours cette politique de la frontière ouverte pour les gens qui fuient l’agression du régime (syrien) ainsi que les frappes russes", a-t-il déclaré en sortant d’une réunion avec ses homologues européens.

Plus de 2,7 millions de Syriens séjournent déjà sur le sol turc, selon les derniers chiffres fournis vendredi par son collègue de l’Intérieur Efkan Ala.

L’agence du gouvernement turc en charge des situations d’urgence (Afad) a de son côté indiqué être prête à accueillir une nouvelle vague de réfugiés en urgence.

"Nous sommes prêts à affronter le pire scénario", a déclaré sous couvert de l’anonymat à l’AFP un responsable turc, "nous avons la capacité de recevoir de nouveaux arrivants quel que soit leur nombre".

En septembre 2014, les autorités turques avaient ouvert leur frontière en à peine quelques jours à 200.000 Kurdes de Syrie qui fuyaient l’offensive du groupe Etat islamique (EI) sur la ville de Kobané, à une poignée de kilomètres de sa frontière.

L’Union européenne (UE) a rappelé samedi matin à Ankara son devoir, au regard du droit international, d’accueillir les milliers de réfugiés syriens bloqués à sa frontière.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite