Le député européen Le Hyaric dénonce le silence de l’Europe et l’attitude de la France

Le député européen et vice-président du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, Patrick Le Hyaric, dénonce le silence de l’Europe face à l’offensive israélienne sur Gaza et aux centaines de morts palestiniens. Il déplore aussi la rupture d’équilibre traditionnel qu’avait toujours observé la France dans cette région du monde compliquée et complexe.

Par Atlasinfo

En tant que député européen, pourquoi l’Europe reste silencieuse face à la tragédie de Gaza et aux centaines de morts palestiniens ?

L’Europe est désunie sur cette grave crise. D’un point de vue pratique, elle ne fait rien. Elle a laissé les Etats-Unis faire. Mais avec l’échec de la mission de John Kerry et la nouvelle philosophie diplomatique d’Obama, on a vu le résultat. L’Europe ne prend aucune action réelle, soit pour créer les conditions d’une conférence internationale pour la paix et la sécurité dans la région, soit sous forme d’initiative d’aide humanitaire en faveur des populations palestiniennes. Je crois que derrière tout cela, il y a des enjeux géostratégiques erronés. Il y a la pensée selon laquelle, il faut continuer à avoir une pointe avancée dans le monde arabe. Mais tout ceci est erroné. Le monde arabe ne sera jamais stable tant qu’il y aura cette sorte d’arête dans la gorge d’un poisson qu’on appelle le Proche et le Moyen-Orient.

Vous avez lancé un appel pour arrêter le massacre des populations palestiniennes ?

C’est un appel qui consiste à dire qu’il y a urgence à arrêter ce massacre à Gaza et pour que le peuple palestinien dans son entier soit sous protection internationale. Si depuis des années, on avait pris des dispositions dans ce sens et on avait déployé des casques bleus à Gaza et en Cisjordanie, on ne serait pas, aujourd’hui, dans cette situation. On a plus de 100 personnalités qui ont signé cet appel. Mais nous allons rassembler encore plus de personnalités aux opinions politique, philosophique et religieuse très diverses. Nous appelons en même temps nos concitoyens à le signer.
Nous avons affaire à la cinquième armée du monde qui est suréquipée et qui dispose des derniers outils pour provoquer des tueries de masse. La décision qui devrait être prise par les Européens comme par les Nord-Américains serait de cesser les livraisons d’armes. Il y a une dissymétrie totale entre la cinquième armée du monde et le Hamas malgré tout ce qu’on dit de lui.

Dans cette crise, la France semble avoir rompu avec sa position traditionnelle ?

Il y avait une philosophie gaullo-mitterrandienne qui consistait pour la France à toujours jouer un rôle positif au Proche et au Moyen-Orient et à avoir une position équilibrée à partir du droit internationale. C’était une position partagée et qui faisait consensus au sein de la nation française y compris parmi les forces politiques.
Or, on est entrain d’assister à une rupture très inquiétante, d’autant plus inquiétante qu’elle ne vient pas de n’importe où. Il ne faut pas oublier que la France est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Dès lors qu’elle a cette attitude et qu’elle commence à rompre avec les principes de fond du droit international, c’est extrêmement inquiétant que tout ceci se fait sous une présidence et un gouvernement qui sont issus des forces de gauche.

Le gouvernement français a interdit des manifestations à Paris de soutien aux populations palestiniennes. Cette position, qui émane du pays des droits de l’homme, a choqué…

C’est une forme de totalitarisme. Définir un groupe d’individus à partir d’une action qu’il fait et qui consiste à appeler au respect du droit international et le qualifier d’antisémites, c’est l’obliger à rester chez lui sous prétexte que s’il manifeste pour le droit et la justice il balance dans un camp. Les gens ne sont pas pro-palestiniens au pro-israéliens. Ils sont avant tout pour la justice et la paix, et pour le respect du droit international. Le droit international, c’est un Etat pour les Israéliens, il existe déjà, et un Etat pour les Palestiniens. En faire un conflit religieux, c’est dénaturer ce à quoi on est confronté aujourd’hui. Ce qu’il y a, c’est une population qui résiste face à un occupant et un agresseur qui est le gouvernement ultra droitier d’Israël.

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