Le délire algérien sur le Maroc

Il y a une vraie culture du délire algérien sur le Maroc. Avec ses codes, ses postures et ses réflexes. Un délire médiatique qui reflète une pathologie politique presque atavique.

Par Mustapha Tossa

Dans l’architecture des médias algériens, on peut trouver les rubriques ordinaires comme "Politique internationale", "Horoscope " ou "Faits divers ". Mais on peut trouver aussi une rubrique qu’on peut intituler "Haine du Maroc". Elle est si florissante et si porteuse pour ses promoteurs qu’elle dispose déjà de ses plumes stars et de ses éditorialistes vedettes. Et ils se livrent depuis des années un concours invisible à celui qui versera le fiel le plus venimeux sur le pays voisin, à celui qui dégoupillera à son encontre la plus empoisonnée des charges. Pour ses plumes et ses faiseurs d’opinion en mission de déconstruction, il s’agit d’un concours qui mène vers les cimes et garantie les carrières les plus juteuses. L’institution militaire algérienne, véritable détentrice des clefs de l’ascenseur social algérien, sait récompenser ces nervis de la propagande anti-Maroc dont la presse algérienne est devenue l’unique réceptacle.

A titre d’exemples récents, quand le Roi Mohammed VI décide de redonner à un quartier juif de Marrakech son nom originel "El Mellah" afin de préserver le patrimoine historique et culturel de l’ensemble des composantes de la société marocaine et de répondre aussi à un vœu cher de la communauté juive marocaine très attachée aux mots qui parlent et aux symboles qui évoquent le vivre ensemble dont le Royaume est le chantre, une chaîne de télévision algérienne se lance dans un délire incontrôlé sur "les relations sionistes du Royaume du Maroc" et sur un prétendu « axe Maroc-Israël pour nuire à l’Algérie » . Et pour cela, elle se lance dans un processus de falsification éhonté qui joint l’insulte à la contre-vérité.

D’ailleurs dans son ensemble, la couverture de l’actualité marocaine par les médias algériens rappelle étrangement, dans ses réflexes et se approches, celle des médias soviétiques de l’actualité des pays occidentaux. Petit rappel historique qui illustre cette démarche: quand par exemple l’Amérique de la seconde moitié du siècle dernier lançait toutes ses forces dans la bataille de la création scientifique et de la dynamique économique s’imposant comme la première puissance mondiale, les médias de Moscou de l’époque ne parlaient que de SDF ou de drogués qui meurent de faim ou de violence dans les rues américaine pour mieux étouffer toute velléité de liberté et d’émancipation des citoyens soviétiques. Ce prisme volontairement réducteur et orienté est celui qui domine la vision des médias algériens de l’actualité marocaine. Plutôt fabriquer une citadelle de mensonges que de reconnaître que le voisin marocain, dans son exception, est en train de réaliser des performances politiques, économiques et sociétales inédites dans la région.

D’ailleurs quand par malheur dans un des ces programmes en direct de la télévision algérienne, un des invités se hasarde à complimenter les performances marocaines ou à se livrer à une comparaison forcément défavorable à l’Algérie, le téléspectateur assiste en direct à des psychodrames fissurant toutes les certitudes algériennes. D’ailleurs les réseaux sociaux regorgent de ces pépites de malaises incontrôlés, de déclarations impromptues qui de temps en temps cassent la mécanique du mensonge organisé et de la propagande d’Etat.

Autre exemple récent de cette obsession marocaine de l’Algérie. Lorsque les évènements de Bejaia ont commencé à faire tâche d’huile et à annoncer un mouvement social généralisé qui pourrait compliquer davantage une guerre de succession, décrite déjà comme aussi violente qu’incertaine, le pouvoir algérien n’a rien trouvé de mieux à faire que de pointer un doigt accusateur en direction du Maroc, l’intégrant parmi " ses mains étrangères" qui soufflent sur les braises algériennes. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Maroc est accusé de tous les maux algériens. A ce stade, le Maroc est devenu une justification idéale pour tous les échecs. Qu’il s’agisse de la lutte très gris-claire de l’armée algérienne contre les groupes terroristes ou du réveil parfois violent de quelques revendications sociales et identitaires, pour faire l’économie d’une vraie thérapie qui supposerait des auto-critiques et des remises en question, "L’ennemi marocain" est tout trouvé pour endosser les carences et justifier les échecs.

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