Le Roi Mohammed VI pointe l’échec cuisant du gouvernement islamiste dans le secteur de l’éducation

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Bien avant que le Roi ne prononce son discours à l’occasion du 60ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le cénacle des observateurs de la vie politique marocaine bruissait de rumeurs. Le Souverain s’apprêtait à faire de grandes annonces sur l’avenir de la jeunesse marocaine et des grands chantiers qui configurent son avenir.

Le discours a largement satisfait les attentes. Le Roi a ciblé dans son discours un des secteurs les plus vitaux de la société marocaine, celui sans lequel aucun développement, aucune croissance, aucune harmonie sociale n’est possible, à savoir l’éducation nationale et les différentes politiques, souvent antagonistes, qui ont eu à gérer ce secteur au cours de récentes années.

L’approche du souverain marocain se compose de trois étages. Le premier niveau de lecture est le constat de l’échec des programmes initiés à cause de leur interruption pour de mesquines raisons politiques. Évoquant avec des termes précis l’ambitieux programme lancé par le gouvernement d’Abass Al Fassi, plus connu sous l’appellation "Plan d’urgence" pour l’éducation nationale qu’incarnait l’ancien ministre de l’éducation nationale Ahmed Akhchichine, le Roi fait ce franc constat. « Malheureusement, les efforts nécessaires n’ont pas été entrepris pour consolider les acquis engrangés dans le cadre de la mise en œuvre de ce Plan ».

Une critique assez directe de la gestion du gouvernement islamiste de ce dossier sensible. Et un reproche à peine voilé pour qu’un secteur aussi déterminant pour l’avenir de la jeunesse marocaine et aussi décisif pour le décollage de son économie ne soit pas soumis aux petits calculs partisans et aux soubresauts d’agendas électoraux. Le message royal invite clairement les différents partenaires politiques à faire de l’éducation une grande cause nationale, laquelle exige consensus, mobilisation générale et adhésion sans faille.

Cette invitation royale a été exprimée sans détours de sorte que le discours et la posture des uns et des autres soient à la hauteur des enjeux et des défis que rencontre la société marocaine pour éduquer et préparer ses enfants à s’inscrire et à affronter les affres de la mondialisation.

Tout au long de son discours, le Roi Mohammed VI fut limpide et direct:" Il faut renoncer à la polémique stérile et détestable qui n’est d’aucune utilité, si ce n’est le règlement de comptes étriqués et la pratique de l’injure et de la calomnie. La stigmatisation des individus ne contribue pas à régler les problèmes, mais plutôt à les exacerber". Et de poursuivre avec un brin d’amertume inédit dans les discours royaux :" Le gouvernement actuel aurait dû capitaliser les acquis positifs cumulés" sur ce "chantier déterminant", "les efforts nécessaires n’ont pas été entrepris pour (les) consolider".

De nombreux observateurs ont été surpris par la tonalité aussi franche que directe du positionnement royal. Le Roi Mohammed VI a, lui-même, choisi d’éclairer le citoyen marocain et d’avertir les responsables de ce secteur des ressorts de cette franchise et de sa finalité: "La franchise de mon propos, cher peuple, tient à la charge suprême qui m’échoit d’assumer ta direction. En effet, ton premier serviteur n’est affilié à aucun parti et ne participe à aucune élection. Le seul parti auquel je suis fier d’appartenir, grâces en soient rendues à Dieu, c’est bien le Maroc ».

Mais cette tonalité royale ne se limite pas à cette prise de position politique sur un sujet d’une importance vitale comme l’éducation. Elle a aussi surpris les observateurs pour la dose de biographie personnelle que le Roi a injectée dans son approche. Et comme l’a si bien écrit le journaliste et directeur de la MAP, Khalil Hachimi Idrissi: "Quand le Souverain convoque son enfance, sa scolarité, son parcours universitaire, il donne à son propos tranchant sur les problèmes de l’éducation nationale, et des échecs auxquels elle aboutit, une densité jamais égalée dans la description de ce naufrage national."

S’il y a un message à retenir de ce discours, c’est aussi cette critique assez ouverte et ce coup de sang royal contre le gouvernement islamiste que dirige Abdelilah Benkirane dans un domaine aussi crucial que l’éducation. La décision de réactiver le Conseil Supérieur de l’éducation et d’y nommer à sa tête un des ses plus proches collaborateurs, le Conseiller Omar Azziman, sent pour beaucoup la reprise en main de la gestion d’un secteur déterminant pour l’avenir du Maroc.

Et la question que de nombreux observateurs se posent aujourd’hui : quel sera l’impact d’une telle charge sur le casting gouvernemental en cours de reconstitution après la démission des ministres de l’Istiqlal et la recherche effrénée d’un nouveau exécutif et d’une nouvelle coalition gouvernementale? Sans vouloir anticiper sur le choix du futur ministre en charge de ce secteur, le gouvernement Benkirane 2 se doit d’être à la hauteur des enjeux mis en exergue par le Roi dans ce discours historique.

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