Le Niger en campagne contre les cancers féminins

Dépistages gratuits, spots radio-télévisés et affiches: le Niger ne lésine pas sur les moyens de prévention du cancer du sein et du col de l’utérus qui font des ravages chez les femmes, de plus en plus foudroyées dans la fleur de l’âge.

Dépistages gratuits, spots radio-télévisés et affiches: le Niger ne lésine pas sur les moyens de prévention du cancer du sein et du col de l’utérus qui font des ravages chez les femmes, de plus en plus foudroyées dans la fleur de l’âge.

"La situation au Niger est très alarmante: les cancers du sein et du col de l’utérus sont devenus de graves problèmes de santé publique", a déclaré à l’AFP Issimouha Dillé, médecin-cancérologue et présidente de l’ONG SOS-cancer, championne de la lutte contre la maladie dans le pays.

Ces deux formes de cancer étaient jusqu’alors dépistées chez les femmes "de 50 à 60 ans", mais aujourd’hui "ce sont les jeunes de 25 et 35 ans" qui sont "les plus touchées", s’inquiète-t-elle.

Quelque 8.000 nouveaux cas de cancer sont notifiés par an au Niger, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le cancer du sein est en tête du peloton avec plus de 27% des cas, suivi de celui du col de l’utérus, 14% selon les statistiques hospitalières.

"C’est au fin fond du pays que ces femmes souffrent en silence du cancer", où la maladie est vécue comme "un mauvais sort", relève Dr Dillé. "Faute de soins médicaux, les malades consultent des féticheurs et souvent meurent dans leurs cases", déplore un responsable humanitaire.

Fin juillet SOS-cancer a conduit une caravane de sensibilisation à travers plusieurs localités et "plus de 500 femmes" ont été consultées "gratuitement" dont "de nombreuses ont été dépistées positif", a expliqué sa présidente.

Avec l’aide de ses partenaires dont l’OMS, le Niger a décidé de s’attaquer au fléau grâce à la prévention. En 2014, Niamey a lancé un programme de vaccination gratuite visant à "immuniser" les fillettes âgées de 9 à 13 ans, contre le cancer du col de l’utérus.

Ce projet "pilote", sera bientôt étendu à tout le pays, et a permis de vacciner quelques 19.232 adolescentes notamment dans la capitale. Le vaccin "protège à vie contre le cancer du col de l’utérus", a assuré Mano Aghali, le ministre nigérien de la Santé sur la télévision nationale.

Pour assurer les soins adéquats, un Centre de radiothérapie est en construction à Niamey, avec l’assistance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Pour l’heure, la majorité des malades de cancer se contentent de soins palliatifs.

Seule "une poignée" bénéficient d’évacuation à l’étranger "aux coûts prohibitifs", a indiqué à l’AFP une source hospitalière. "Pourtant le cancer peut être évité s’il est dépisté tôt", affirme la présidente de SOS-cancer.

Pour mieux porter son message, l’Ong diffuse des spots et des émissions dans les langues locales sur les radios et télévisions locales sur "la nécessité" du dépistage du cancer.

Des affiches montrant des images de malades amputées du sein ou d’un membre, sont distribuées à l’occasion des grands rassemblements ou sont visibles devant des pharmacies et lieux publics.

"Si les ravages du cancer se greffent à la forte natalité et aux crises alimentaires endémiques, les impacts risquent d’être intenables pour le Niger", un des États les plus pauvres au monde, prévient ce responsable humanitaire.

Au Niger, les femmes sont déjà soumises au double fardeau des mariages précoces et une culture nataliste très prégnante, avec 7,6 enfants.

40 % des jeunes filles sont mariées avant 15 ans et "une Nigérienne meurt toutes les deux heures", de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, selon le Fonds de l’ONU pour la population (UNFPA) à Niamey.

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