Le Maroc apporte une importante contribution à la réalisation de la Grande mosquée de Strasbourg

Le Maroc apporte une importante contribution à la réalisation de la Grande mosquée de Strasbourg
C’est un projet vieux de vingt ans. La grande mosquée de Strasbourg (Bas-Rhin) devient officiellement le plus vaste lieu de prière musulman de France, à l’occasion de son inauguration, jeudi 27 septembre. Le ministre français de l’Intérieur et des Cultes, Manuel Valls, a représenté le président François Hollande à cette occasion.

Cette inauguration s’est également déroulée en présence d’une importante délégation marocaine, conduite par le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq et l’Historiographe du Royaume, Abdelhak Lamrini, ainsi que de M. Abdellah Boussouf, principal initiateur de ce grand projet et actuel Secrétaire général du CCME.

Les deux ministres marocain et français ont dévoilé à cette occasion la plaque commémorative gravée de l’inscription "M. Manuel Valls, ministre de l’intérieur, représentant officiel du président de la république, François Hollande et M. Ahmed Taoufiq, représentant officiel de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ont inauguré jeudi 27 septembre la Grande Mosquée de Strasbourg".

Dans son intervention, Ahmed Taoufiq a estimé que "La ville de Strasbourg s’embellit aujourd’hui d’un "autre beau joyau de la foi sur le front de l’Europe". "Il y a sûrement unanimité, unanimité autour de l’esthétique. Les mosquées font aussi la beauté des cités en pays d’Islam, mais il n’est pas moins important de voir que les plus grandes de ces mosquées se situent topographiquement au centre des places", comme l’est la Mosquée de Strasbourg,

Quant Manuel Valls, il n’a pas manqué de remercier " très sincèrement" les donateurs qui ont contribué à ce que ce nouvel édifice, citant en premier lieu le Maroc, qui a contribué à hauteur de 4 millions d’euros à la réalisation de la mosquée.

"Le moment que nous vivons, ensemble, ici, aujourd’hui, marque une concrétisation. C’est un moment d’intense joie que j’ai plaisir à partager avec vous. Depuis de longues années, ce projet de Grande mosquée était dans les têtes et dans les coeurs. C’est, dorénavant, une réalité. Les musulmans de Strasbourg ont un nouveau lieu de culte dont ils peuvent être particulièrement fiers", a-t-il dit. "Les mosquées, comme les églises, les temples, les synagogues font partie de notre paysage national. Cette variété des lieux de culte dit ce que nous sommes : un peuple riche de sa diversité qui a su, au fil des époques, accueillir, rapprocher, unifier. La France n’est pas isolée ; elle s’inscrit dans le vaste mouvement du monde", a poursuivi le ministre.

Cette Grande mosquée, implantée à moins de deux kilomètres de la cathédrale Notre-Dame, a la force du symbole, a souligné Manuel Valls. "Elle donne à l’islam son envergure, son éclat, sa grandeur, elle donne à l’islam toute sa place. Oui, l’islam, deuxième religion de notre pays, a toute sa place en France car l’islam, c’est aussi la France", a-t-il martelé.

"Pour ne pas prier dans des caves ou dans la rue, les musulmans de France ont droit à des lieux de culte dignes", a-t-il encore affirmé en annonçant des initiatives prochaines pour faciliter le financement des projets.

Le ministre de l’Intérieur a également rendu hommage à la "sagesse des responsables du culte musulman" et à "la maturité dont ont fait preuve les musulmans de France" après la diffusion sur internet du film islamophobe "L’innocence des musulmans" et les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo en France.

L’islam de France a, selon lui "démontré de la manière la plus équilibrée sa capacité à répondre sereinement à la caricature et aux instrumentalisations de tous bords. Il a affirmé son attachement total aux valeurs de la République."

Le ministre français a par ailleurs lancé un cinglant avertissement aux intégristes et aux salafistes. "Je n’hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l’islam et représentent une menace grave pour l’ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs", a-t-il déclaré.

Pour le président du Conseil Français du Culte Musulman, Mohammed Moussaoui, Les musulmans de France sont dans leur immense majorité des citoyens responsables qui respectent le pacte civique et adhèrent totalement aux valeurs qui régissent notre pays".

"Notre République a pour devise : « liberté, égalité, fraternité ». La liberté se met elle-même en danger si elle oublie la fraternité. La fraternité, qui impose le respect mutuel, est une valeur fondamentale pour notre vivre-ensemble.Nous voulons consolider ce vivre ensemble, faisons en sorte que cela soit possible !", a-t-il ajouté.

Pas moins de 1 200 personnalités assistent à cette cérémonie, dont le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, et des représentants catholiques, protestants et juifs. "Les gens sont contents d’avoir un lieu digne pour prier, cela renforce notre sentiment d’appartenance totale et définitive à la communauté nationale", estime Saïd Aalla, le président de l’association qui gère le lieu de culte, estimant que "C’est une mosquée citoyenne", "européenne" et "alsacienne".

Même écho de la part d’Abdallah Boussouf, qualifié par le sénateur-maire de Strasbourg de "Père fondateur" de la Grande mosquée. M. Boussouf a rappelé que "Dés le départ, notre esprit était de faire un lieu d’accueil pour tous les citoyens de Strasbourg", soulignant que dans le "modèle alsacien de gestion des religions, paisible et équilibré, cette mosquée se veut celle d’un islam du +juste milieu+".

Le Maroc apporte une importante contribution à la réalisation de la Grande mosquée de Strasbourg
Conçu par l’architecte italien Paolo Portoghesi, la Grande mosquée, situé en lisière du centre-ville, est doté d’un dôme de cuivre qui culmine à 20 mètres, mais pas de minaret. La grande salle de prière de 1.300 m2 est d’une capacité d’accueil de 1 500 fidèles. Des artisans marocains, venus de Fès, ont déployé leur savoir-faire ancestral pour orner de mosaïques et de stuc les salles de la mosquée. 400 000 pièces de faïence importées du Maroc ont été assemblées, à la main, sur place.

Cet édifice magnifique, d’un budget de 10,6 millions d’euros, a surmonté bien des obstacles avant de voir le jour. L’association porteuse du projet, présidée à l’époque par Abdallâh Boussouf,a bataillé dur pour le faire aboutir. Validé en décembre 1999 par la municipalité socialiste, le rpojet avait été remis en cause à l’arrivée au pouvoir de l’UMP en 2001 puis relancé en 2008 avec l’élection du socialiste Roland Ries.

Grâce au régime concordataire appliqué en Alsace, une exception à la loi de 1905, .les collectivités locales, ville, région, département, ont participé au financement de la mosquée à hauteur de 26%.

Le Concordat, signé en 1801 entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII pour mettre un terme aux conflits entre l’Eglise catholique et l’Etat français., s’est élargi aux protestants et juifs. Peu présent sur le territoire français à l’époque, l’islam est exclu de ce régime mais il profite de certaines dispositions de ce droit local.

Outre la participation des fidèles à hauteur de 33% et du Maroc, l’Arabie-saoudite a contribué avec 900 000 euros et le Koweït avec 500 000 euros.

Selon Olivier Bitz, adjoint au maire (PS) chargé des cultes, cette mosquée "splendide" est "une fierté pour Strasbourg", et permettra aux musulmans de pratiquer leur culte "dans la dignité qu’ils méritent".

"Strasbourg est une ville de brassage. C’est le lieu du Parlement européen et de la Cour européenne des droits de l’homme. Aujourd’hui, la Grande mosquée, dont l’idée a germé dans les années 1990, fait pleinement partie du patrimoine architectural. Des centaines de Strasbourgeois veulent la visiter. Ce lieu fait reculer l’ignorance", a-t-il relevé.

Faisant partie de la première équipe qui a travaillé et soutenu sur le projet, l’ancien maire socialiste de Strasbourg, Catherine Trautmann a toutefois regretté l’absence d’un centre culturel auquel s’était opposé son successeur UMP. "Cette très belle mosquée doit avoir son centre culturel. Je suis sûre que l’équipe qui dirige la mosquée l’obtiendra".

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