Le Maghreb mise sur clients et investisseurs des pays émergents pour rebondir

Pour compenser les effets du printemps arabe et de la crise qui frappe de plein fouet les touristes européens, le Maroc et la Tunisie veulent « ajuster » leur politique touristique.

Tenir la barre malgré la tempête. Tel est l’état d’esprit des ministres tunisien et marocain du Tourisme, de passage à Paris pour le Salon professionnel, Top Resa. Car, après les printemps arabes et la crise des pays européens – principaux émetteurs de touristes vers le Maghreb -, la colère de la rue arabe suite à la diffusion du film islamophobe qui a fait le tour du monde risque de peser sur un secteur qui a déjà beaucoup souffert.
« On n’avait pas besoin de cela », glisse le ministre tunisien Elyes Fakhfakh – les manifestations ont fait quatre morts à Tunis, vendredi. Cela « peut » compromettre l’objectif du pays d’atteindre 6 millions de touristes en 2012, admet-il. Certes, ceux-ci sont venus plus nombreux cette année qu’en 2011, mais la Tunisie n’a pas retrouvé son niveau de 2010. L’écart reste de 17 % en moyenne, la France enregistrant le plus gros retard, avec 27 % d’entrées de touristes en moins. Elyes Fakhfakh se veut néanmoins confiant. Tout comme son homologue marocain, Lahcen Haddad. « On va tenir le cap des 18 à 20 millions de touristes au Maroc annoncés pour 2020, mais il y a des ajustements à faire », nuance ce dernier.
Tunis compte sur les pays du Golfe
Les deux pays affirment vouloir « consolider » la présence touristique traditionnelle, tout en voulant s’attaquer aux pays émergents. Le Maroc mise en priorité sur la Chine et le Brésil, « où une classe moyenne se développe et voyage ». La Tunisie, qui a un projet de ligne aérienne directe avec la Chine, fait la même analyse. Les deux pays cherchent aussi à relancer des investissements touristiques qui se sont effondrés. La Tunisie, où ils ont chuté de 40 % depuis 2010, s’emploie à réviser son code des investissements. Le Maroc a annoncé des fonds de soutien à l’industrie touristique et envisage une prime d’investissement de 20 % sur certains projets pour 2013. Lahcen Haddad présente le Maroc comme un « pays refuge » pour des investisseurs arabes qui rencontrent des difficultés en Egypte, en Libye et en Syrie. La Tunisie mise, elle aussi, sur les investisseurs du Golfe. Le Qatar a déjà promis d’investir à Tozeur, dans le désert tunisien.
Les deux pays n’excluent pas de travailler ensemble. Une réunion entre les deux ministres est prévue en ce sens d’ici à la fin de l’année.

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