Le Maghreb en ordre dispersé sur le Qatar

La déflagration de la crise entre le Qatar et ses voisins du Golfe, Arabie saoudite, Émirats arabes unies et le Bahreïn, a provoqué de nombreuses fissures dans le monde arabe.

Par Mustapha Tossa

La déflagration de la crise entre le Qatar et ses voisins du Golfe a provoqué de nombreuses fissures dans le monde arabe. L’onde de choc fut si violente qu’elle a rejailli sur les pays du Maghreb, les obligeant à prendre position à l’égard d’une querelle politique d’une grande intensité et qui risque d’avoir des conséquences politiques et économiques d’une ampleur inédite.

Passé l’effet surprise de cette crise, les capitales du Maghreb ont réagi en ordre dispersé. Chacune selon son agenda politique, ses amitiés et ses alliances. Le pays qui a publiquement pris parti dans ce conflit dans ce conflit fut la Mauritanie. Elle s’est jointe aux pays qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar avec cet argument et ce reproche adressé à Doha de "soutenir les organisations terroristes et de promouvoir les idées extrémistes". Et le communiqué mauritanien d’enfoncer le Qatar et de sa politique accusée avoir " semé le chaos et les tensions dans de nombreux pays arabes, ce qui a provoqué de grandes tragédies humanitaires dans ces pays, en Europe, et à travers le monde".

D’Alger est sortie une position confuse, rempli de langue de bois. Selon sa communication officielle, l’Algérie lance un appel à" l’ensemble des pays concernés à adopter le dialogue comme seul moyen de régler leurs différends". Comble de l’ironie diplomatique, Alger insiste sur "la nécessité d’observer, en toutes circonstances, les principes de bon voisinage, de non-ingérence dans les affaires internes des États et du respect de leur souveraineté nationale". Cette position a provoqué un grand éclat de rires et de moquerie dans les réseaux sociaux quand on voit la qualité du "bon voisinage" que l’Algérie pratique à l’égard du Maroc depuis un demi-siècle de manœuvres et de coups tordus pour porter atteinte à son unité territoriale.

Quant à la Tunisie, sa diplomatie a pris, selon la célèbre image populaire le bâton par le milieu. De son positionnement, il est quelque peu dificille de savoir vers quel axe penche le cœur de Tunis. Les déclarations de son ministre des Affaires étrangères, enrobées de bons sentiments et de vœux pieux, ambitionnaient d’installer une neutralité entre les protagonistes. Dans cette crise inédite, le souhait de Tunis est que ces pays puissent trouver "un terrain d’entente" pour se protéger des effets néfastes de ce conflit.

La Libye, divisée et morcelée, a eu une double réaction. Les fidèles du général Haftar, réuni autour de l’axe Tobrouk, proches de l’Égypte et des Émirats arabes unies ont profité de l’occasion pour stigmatiser le rôle du Qatar dans la crise libyenne et sa propension à soutenir les fondamentalistes de Tripoli. Les deux Libye en cours de réunification politique ont embrassé chacun son parrain en fonction des allégeances. Le Libye est depuis des années un théâtre d’opération où les Qataris livrent un solide bras de fer aux Émirats arabes unies et à l’Égypte qui considère que le territoire libyen comme un bastion arrière où se montent les opérations terroristes qui la frappe au Sinaï.

Au Maroc. Silence diplomatique de rigueur. Et pour cause. Le Royaume entretient un partenariat stratégique, militaire et économique avec le Conseil de coopération du golfe. Cette posture lui donne toute légitimité pour entreprendre toute action politique qui va dans le sens d’une probable médiation. À l’exception d’une décision de la "Royal air Maroc" de revoir les plans de ses dessertes vers cette région, aucune déclaration officielle n’est sortie du ministère marocain des Affaires étrangère. Par contre les réseaux sociaux nourris par des informations venues de la presse parisienne évoquent l’hypothèse d’un probable voyage de l’Émir du Qatar Cheikh Tamim au Maroc à la recherche d’une médiation marocaine dans cette crise qui s’ajouterait à la médiation Koweïtienne déjà à l’œuvre.

Le Royaume du Maroc possède toutes les qualités d’un médiateur crédible et efficace. Son leadership régional incontestable, ses excellentes relations avec tous les acteurs, à commencer par le Qatar, l’Arabie saoudite, Les Émirats arabes Unies ou La Turquie lui donnent de précieux atouts pour être entendu par les différents acteurs de cette crise dans la seule perspective de baisser la tension dans cette région et de trouver des solutions durables à des crises de confiance chroniques entre le Qatar et ses voisins du golfe

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