Le Caftan, un voyage dans les dédales d’une histoire millénaire

Le caftan, ce savant mélange d’élégance et de raffinement , ne cesse d’évoluer au « fil du tissu et broderie » . Il cristallise à lui seul un voyage infini dans les dédales d’une histoire millénaire brodée d’un savoir-faire et d’un savoir-vivre des plus authentiques.

Si les coupes se modernisent et les tissus proviennent des quatre coins du monde, le caftan conserve toutefois son âme et inspire créativité à la fine fleur des stylistes marocains.

Orné de perles, de riches broderies ou de travail de maâlem, le caftan, avec ses coupes qui viennent parfaire les silhouettes, commence à flirter avec la robe soirée tout en préservant jalousement les lignes traditionnelles bien ciselées.

Les créateurs contemporains tentent de répondre aux exigences de la femme marocaine, éprise de modernité tout autant d’originalité. Les plus doués ont gagné le défi et su moderniser le caftan sans trop le dénaturer.

"La femme marocaine devient de plus en plus exigeante, vu qu’elle a grandi dans la culture et la tradition du Caftan", a déclaré à la MAP, la styliste Fouzia Naciri, qui sera présente en force lors du "Caftan 2016", le rendez-vous incontournable de la haute couture marocaine.

"Parfois, on a presque envie de dire que chaque femme marocaine est capable de créer son propre caftan. Elle est à la recherche de matériaux de qualité et un travail bien fait, comme les belles finitions pour aboutir à une silhouette épurée, allongée et en parfaite harmonie avec le caftan qu’elle porte", a fait remarquer Mme. Fouzia, fondatrice et directrice de la Maison de haute couture "L’Atelier du Caftan", au sein de laquelle elle pense, dessine et réalise des collections de caftans sur mesure qui mêlent noblesse et raffinement.

Même son de cloche pour la jeune styliste, Karima Draâ qui a indiqué que "la femme moderne exige de plus en plus le "sur-mesure", permettant de mettre plus en évidence la silhouette féminine dans toute son élégance".

"Taillé plus près du corps, de manière à mieux épouser la silhouette, le caftan s’est modernisé pour être plus facile à porter, mais reste toujours paré d’un prestige qui tient de son passé légendaire", a fait remarquer Mme Karima, fondatrice de "Choucha caftan".

"Le caftan marocain tel que nous l’avons connu jusqu’au début du XXème siècle comprenait deux coupes différentes : celle de Fès et celle de Tétouan. Le caftan de Fès était droit et long, celui de Tétouan était large et court. Actuellement, le mélange s’est fait et il n’y a plus de frontières entre les "capitales" du Caftan.

"Le caftan a fait une grande évolution à travers l’histoire de l’humanité. Dans une première étape, on peut l’assimiler à une graine qui a traversé plusieurs civilisations pour venir enfin s’implanter au Maroc. Une fois arrivé là, on en a fait notre habit d’apparat et de cérémonie et on l’a brodé, on y a posé le zouak du mâallam, et enfin on l’a perlé pour lui donner le maximum d’éclat possible", a fait savoir Mme Fouzia, dont la touche spéciale réside dans la simplicité mixée à l’art.

Le "caftan" était un vêtement masculin dans des matières assez épaisses. Le voilà aujourd’hui complètement féminisé, réalisé dans des matières fluides pour sublimer et mettre de plus en plus en valeur les femmes tout en respectant l’harmonie de leurs corps, a-t-elle ajouté.

Pour cette année, Fouzia Naciri a apporté de la couleur et de la lumière à ses créations, afin de les rendre encore plus chatoyantes. Chaque caftan tire son inspiration d’un sujet particulier.

"Mon inspiration prend source essentiellement dans le patrimoine culturel marocain, comme les broderies en couleurs qu’on retrouve sur les tapis et habits Amazighs ainsi que la belle broderie et la poterie de Fès, dans le zellij qu’on voit dans les riads de la ville de Marrakech ou encore ses beaux jardins fleuris de roses", a-t-elle confié.

Comptant au nombre des robes traditionnelles les plus anciennes dans le monde, le caftan marocain, appelé aussi takchita, remonte à la dynastie mérinide. Selon certains chercheurs, il aurait été popularisé en Andalousie, après l’arrivée de Ziryab, ce compositeur du XIXème siècle qui le portait lorsqu’il arriva dans cette région.

Ce sont les arabo-musulmans qui apportent le caftan oriental originel au Maroc et en Andalousie dès le 8ème siècle. Au départ, c’était un vêtement (ou pièce) unique d’apparat porté par les gens fortunés et pas uniquement lors des cérémonies de mariage.

Au Maroc, selon les régions, ce vêtement va subir au cours des siècles des transformations typiques du pays. Rien qu’au Maroc, il existe 4 types de Caftans (Chameli, Fassi, Meknassi et Rbati).

Dérivé des costumes de l’Empire Ottman pour certains, réinterprétation des "drapés" romains que l’on retrouve dans le haik traditionnel pour d’autres, le caftan, pièce emblématique du vestimentaire féminin, est riche d’une histoire millénaire aussi complexe que le travail de ses étoffes.

Originellement porté par les hommes, cet habit d’appart était alors le seul apanage des nobles. De Bagdad à Cordoue, de Damas à Istanbul, le caftan se nourrit au fil des siècles de multiples influences, jusqu’à devenir le vêtement emblématique du Royaume aux XIe et XIIe siècles.

Mais il faut attendre le XVIIe siècle pour qu’il fasse son entrée dans le dressing féminin pour ne plus jamais le quitter. Au XIXe siècle, alors que le Maroc connait une expansion économique retentissante, le caftan flirte pour la première fois avec le braocart lyonnais ou les soieries importées de Chine.

Terrain d’expression artistique intarissable, le caftan devient dès lors indissociable de broderies ntaâ en fil d’or et Fès, de celles plus florales et multicolores de Tétouan ou encore des variations géométriques en fil de soie originaires de Rabat, Sfifa, Kitane, M’ramma, Darss sont les maitres mots de ce mixage culturel unique.

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