Le CFCM inquiet de la stigmatisation des musulmans de France

Reçu lundi par le premier ministre François Fillon après un long week-end de grande polémique sur la polygamie du conjoint de la conductrice verbalisée en niqab, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a exprimé son inquiétude sur le « climat de stigmatisation » dont sont victimes les musulmans de France.

Le CFCM inquiet de la stigmatisation des musulmans de France
"Le chef du gouvernement nous a rassurés sur la volonté du gouvernement de mettre tout en œuvre pour éviter toute cette stigmatisation et faire en sorte que le projet de loi prévu ne fasse aucune mention du côté religieux de la question", a déclaré M. Moussaoui, président du CFCM, à l’issue de cet entretien.

Le Premier ministre, qui a reçu la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie et Mohammed Moussaoui, dans le cadre de ses consultations sur l’avant-projet de loi du gouvernement, a tenté de calmer le jeu en insistant sur "la nécessité d’éviter les amalgames et les préjugés qui donnent une image déformée de l’islam de France".

Il a part ailleurs fait part au président du CFCM "de sa vive émotion et de son soutien" à la suite des tirs qui ont visé ce week-end la mosquée d’Istres (Bouches-du-Rhône).

Evoquant cette attaque devant la presse après son entretien d’un peu plus d’une heure, le président du CFCM a, lui, regretté qu’elle n’ait "pas fait l’objet de communication", contrairement au cas de la conductrice verbalisée en niqab à Nantes (Loire-Atlantique), dont le conjoint est en outre accusé de polygamie et de fraudes aux prestations sociales.

"Ce type de dissymétrie dans la médiatisation des choses concernant la communauté musulmane risque de créer un sentiment de frustration et de crispation", a-t-il averti, qualifiant d’"élément marginal" la question de l’éventuelle déchéance de nationalité du polygame présumé.

"Si la polygamie s’est avérée justifiée, la justice est claire, la loi de la République est claire et les musulmans de France sont respectueux des lois de la République et des valeurs de la République", a-t-il souligné.

A ce propos, le ministre de l’Immigration Eric Besson a évoqué sur RTL la possibilité d’une "adaptation législative" afin de déchoir de sa nationalité française cet individu qui l’avait acquise par mariage. Il a toutefois reconnu que cette procédure était "controversée juridiquement".

L’intéressé, Lies Hebbadj, a estimé que lui et sa concubine n’avaient "rien à se reprocher" dans cette affaire. "Puisqu’on n’a pas été attaqués judiciairement, (…) on n’a pas besoin de se défendre", a-t-il fait valoir.

Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait mis le feu aux poudres vendredi en demandant à son collègue de l’Immigration d’étudier une éventuelle déchéance de la nationalité française pour cet homme soupçonné d’avoir quatre femmes et 12 enfants et d’appartenir à la mouvance islamiste radicale.

Pour le Parti socialiste, le gouvernement est devenu "le meilleur allié des extrémistes islamistes en France" en alimentant le débat sur le voile intégral afin de "récupérer l’électorat d’extrême droite".
"Le gouvernement a décidé (…) de poursuivre sa stratégie de stigmatisation", devenant "le meilleur allié des extrémistes islamistes en France. Il leur fait une publicité outrageuse et leur donne la possibilité de s’exprimer tous les soirs, là où ce phénomène pourrait se réduire à la pratique d’un islamisme normal", a expliqué le porte-parole du PS Benoît Hamon, pointant du doigt "une volonté de stigmatiser une communauté tout entière", selon le compte-rendu communiqué par le PS.

Nicolas Sarkozy "prépare sa campagne présidentielle et il a décidé dans cette première étape de récupérer l’électorat d’extrême droite qui lui a manqué, de reconstruire le socle de ses soutiens électoraux par l’état de stigmatisation permanente de la communauté musulmane en France", a estimé le porte-parole du PS.

"Un banal contrôle de police s’est transformé en affaire d’Etat avec accusation de polygamie non avérée, puisque nous n’avons aucune confirmation de la part de la justice. Il est question également d’une fraude aux allocations familiales qui ne fait là encore l’objet d’aucune confirmation de la part de la justice", a-t-il souligné.

Tout en réitérant sa "condamnation ferme du port du voile intégral en France", "il y a des instruments prévus par la loi qui permettraient au gouvernement d’agir avec fermeté" mais ce dernier ne les "exploite pas", a-t-il déploré.

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