La reddition du fils Kadhafi, un défi pour la CPI

La reddition du fils Kadhafi, un défi pour la CPI
Les négociations sur la reddition de Saïf al Islam Kadhafi, le fils du défunt dictateur libyen, posent des défis logistiques et sécuritaires à la Cour pénale internationale (CPI), qui examine plusieurs scénarios afin de le traduire devant la justice.

La juridiction internationale basée à La Haye a accusé Mouammar Kadhafi, Saïf al Islam et l’ancien chef des services de renseignements Abdallah al Senoussi de crimes contre l’humanité pour avoir ouvert le feu sur les civils qui manifestaient en février. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, les accuse d’avoir prémédité l’assassinat de manifestants.

Selon une source proche du Conseil national de transition (CNT), Saïf al Islam, qui est toujours en fuite, a demandé un avion, probablement avec l’aide d’un pays voisin, pour sortir du désert et se livrer à la CPI. Si l’accord est conclu, il sera transféré à La Haye où la CPI partage une unité de détention avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

Pour l’heure, la CPI essaye d’obtenir confirmation auprès du CNT que Saïf al Islam souhaite bien se rendre, et réfléchit à divers scénarios pour le transférer, a déclaré son porte-parole, Fadi el Abdallah.

"Tout dépend du lieu où se trouve le suspect, de la manière dont nous parviendrons à entrer en contact avec lui, de ce qu’il sera nécessaire de faire pour l’amener à La Haye. Il y a différentes possibilités", a-t-il ajouté jeudi.

Ne disposant pas d’une force de police dédiée, la CPI a toujours compté par le passé sur la coopération des Etats membres pour arrêter ses suspects.

"La CPI est elle-même responsable des transferts jusqu’aux Pays-Bas. Dès l’arrivée d’un suspect sur notre sol, nous apportons un soutien logistique", a déclaré de son côté un porte-parole du ministère néerlandais des Affaires étrangères.

Pourtant, l’acheminement de Saïf al Islam jusqu’à La Haye posera des problèmes logistiques étant donné qu’il se cache dans une zone reculée du désert libyen.

L’une des solutions serait de faire appel aux Nations unies, qui ont déjà transporté un suspect par hélicoptère au Soudan pour des pourparlers de paix, sans que cela ne donne lieu à une arrestation.

Si Saïf al Islam devait passer au Niger, pays membre de la CPI, le gouvernement nigérien aurait l’obligation de l’arrêter.

"SAIF AL ISLAM VEUT DES GARANTIES"

Le fils du guide libyen, âgé de 39 ans, a pris la fuite après la capture et la mort de son père, tué il y a une semaine alors qu’il tentait de fuir Syrte.

Selon des responsables du CNT, Saïf al Islam Kadhafi a déclaré être prêt à se rendre à la justice, de même que l’ancien chef des services de renseignements du régime déchu, Abdallah al Senoussi.

Tous deux sont visés par un mandat d’arrestation international. Ils sont accusés de crimes contre l’humanité pour la réponse sanglante apportée au soulèvement de février.

Depuis qu’il s’est échappé du bastion pro-Kadhafiste de Bani Walid, des informations divergentes ont été données sur le lieu de résidence de Saïf al Islam, certains affirmant qu’il se trouverait au Niger, avec Senoussi.

Aucune confirmation n’a été donnée par l’entourage restant de Mouammar Kadhafi. Un avocat international, qui dit représenter un membre de la famille Kadhafi, a mis en doute les affirmations du CNT mais refuse de commenter la proposition de reddition.

Selon la source du CNT, Saïf al Islam n’a pas quitté le pays et a trouvé refuge chez une figure importante des nomades touaregs, qu’il avait aidé financièrement par le passé. "Saïf est inquiet pour sa sécurité", dit la source du CNT. "Il pense que la meilleure solution pour lui est de se rendre."

Toujours selon cette source, Saïf souhaite l’intervention d’un pays tiers – l’Algérie ou la Tunisie – dans un accord qui le conduirait à La Haye. "Il veut qu’on lui envoie un avion. Il veut des garanties", poursuit la source.

Le CNT n’a pas les capacités techniques d’intercepter des fugitifs cachés aux fins fonds du désert.

Saïf al Islam, qui parle parfaitement l’anglais et a fait ses études à Londres, était considéré par les analystes comme le dauphin de son père et comme un réformateur potentiel, mais ses déclarations belliqueuses sur les rebelles les ont forcés à réviser leur position.

(Reuters)

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