La philosophe Élisabeth Badinter appelle au boycott des vêtements islamiques

La philosophe estime que c’est la seule réponse à avoir face aux collections de vêtements islamiques proposées par les marques occidentales.

Cette semaine, la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a fustigé les marques qui vendent des vêtements islamiques, estimant qu’elles étaient "irresponsables" et faisaient "d’un certain point de vue la promotion de l’enfermement du corps des femmes". Face aux marques occidentales développant des tenues islamiques, Élisabeth Badinter estime quant à elle qu’"il n’y a qu’une seule réponse : le boycott". Pour la philosophe, spécialiste des Lumières, on assiste à une véritable "régression" des droits des femmes "dans certains quartiers" où les imams "les plus rétrogrades ont gagné la partie".

Q : Pourquoi soutenez-vous Nadia Remadna, l’auteur de "Comment j’ai sauvé mes enfants", qui dénonce l’emprise du salafisme sur certains quartiers de banlieue ?

R : Parce qu’elle est lucide et courageuse. Quand elle raconte le quotidien des femmes et des enfants qui vivent à quelques kilomètres du centre de Paris, on se croirait dans un autre monde. Je considère que Nadia Remadna, au même titre qu’un nombre croissant d’intellectuels arabo-musulmans qui prennent la parole avec courage, sont les représentants actuels des Lumières. Elle appelle les femmes, réduites au silence par l’injonction des Frères musulmans et imams salafistes, à reprendre leur destin en main. Quant à ceux qui la traitent d’islamophobe, je trouve cela inadmissible. Cela n’est pas du féminisme, c’est de la politicaillerie, insensible et méprisante à l’encontre des femmes.


Q : Nadia Remadna incarne-t-elle un renouveau du féminisme, mais un féminisme populaire, "d’en bas" ?

R : Le féminisme concerne les femmes de toute la société. Les plus privilégiées ou celles des classes moyennes ont vu satisfaire un certain nombre de revendications ; aujourd’hui ces libertés et l’égalité des sexes ne sont plus accessibles aux femmes de certains quartiers. C’est normal qu’elles se mobilisent pour être traitées comme toutes les Françaises. Elles veulent bénéficier des lois qui ont été votées et des changements de mentalité dont ont bénéficié les femmes. Je pense que toutes les femmes ont besoin d’être libres et le critère le plus évident d’une démocratie moderne est l’égalité des sexes. Nadia Remadna se bat pour l’application des lois et veut tout simplement stopper la régression dont les femmes sont victimes. Je suis frappée par le fait que dans les années 70-90, les jeunes filles d’origine musulmane étaient dans une phase ascendante : elles voulaient s’en sortir, travailler, et faire mieux que les hommes. Moi-même j’ai enseigné en région parisienne et je me souviens que mes élèves d’origine maghrébine étaient aussi travailleuses que brillantes. Elles voulaient gagner leur indépendance. Je voyais cette génération dans une phase de conquête. "Ni putes ni soumises" incarnait un féminisme moderne ; le radicalisme religieux n’avait pas encore fait son apparition. Depuis 10 ou 15 ans, on assiste à un virage à 180 degrés. Les jeunes filles sont priées de rester à la maison, d’obéir a leur père, à leur frère et ce renversement s’est concrétisé par la fin de ce mouvement ; c’était le signe que les imams les plus rétrogrades avaient gagné la partie.

Q : Est-il compatible de se dire féministe et de défendre le port du voile ?

R : Définitivement non. Quant aux dites féministes islamiques, elles oublient qu’en guise d’égalité elles doivent rester à la maison, que l’héritage est divisé par deux dans les pays musulmans et la polygamie admise dans le Coran dont elles se réclament. Pour ce qui regarde les marques vestimentaires qui veulent vendre la tenue islamique, il n’y a qu’une seule réponse : le boycott.

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