« La nouvelle dynamique » de l’axe Paris-Rabat

Après une longue brouille, les chaudes retrouvailles! Le récent sommet tenu à l’Elysée entre Le Roi Mohammed VI et François Hollande avait déjà annoncé la couleur. Il y aura une multiplication des visites ministérielles à haut niveau entre les deux pays, comme pour rattraper le retard. Il y a eu d’abord celle de Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, comme pour lancer la reprise de la coopération sécuritaire gelée après le malheureux épisode des policiers à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France. Il y a celle de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, les 9 et 10 mars, comme pour mieux consacrer l’entente politique et stratégique entre les deux pays et préparer la visite du Premier ministre Manuel Valls dans le royaume vers la mi-avril pour préparer la haute commission mixte entre les eux pays, un grand rendez-vous prévu avant l’été 2015 à Paris.
Ce séminaire intergouvernemental est chargé d’incarner ce nouveau souffle dans la relation France Maroc. Entre temps, Michel Sapin, ministre de l’économie aura effectué un voyage au Maroc pour dynamiser ses retrouvailles sur le plan économique.

Par Mustapha Tossa

Une source diplomatique française avait déjà résumé à AtlasInfo l’esprit et la finalité politiques de ces déplacements: " Les deux chefs d’Etat, le Roi Mohammed Vi et François Hollande, ont scellé la réconciliation lors de leur rencontre le 9 février. Bernard Cazeneuve a acté le rétablissement de la coopération judiciaire et policière, Laurent Fabius va relancer le dialogue politique avant la visite de Manuel Valls pour préparer la prochaine réunion de haut niveau".

En effet, après un long froid, on assiste là à un véritable "embouteillage" pour reprendre les mots de Paris pour décrire l’affluence des responsables français vers le Maroc. Comme si cet agenda de ces multiples visites vise à rattraper le retard perdu au cours d’une longue année de froid diplomatique. Et cette brusque frénésie politique française à l’égard du Maroc ambitionne de véhiculer un message fort: la page de la brouille est désormais définitivement tournée et le froid de leur relation enterrée. Les deux pays vont s’activer à consacrer dans les faits et dans les actes l’esprit de leur partenariat stratégique.

Plusieurs chantiers font actuellement converger les intérêts des deux pays. D’abord la lutte contre le terrorisme et le phénomène de la radicalisation du discours religieux. Le deux pays ont déjà professé une solide foi de coordonner leurs efforts pour protéger leur pays des menaces terroristes : coopérations sécuritaires renforcées, échanges accrus d’information, stratégies communes. Et puis il y aussi les chantiers économiques. Laurent Fabius, chantre de "la diplomatie économiques" ne manquera pas d’évoquer les multiples partenariats industriels entre les deux pays, à réanimer ou à créer, pour donner corps à ces retrouvailles franco-marocaines. Le ministre des affaires étrangères français est accompagné d’une solide délégation d’hommes d’affaires qui en dit long sur la tonalité qu’il veut donner à son déplacement…Installer un partenariat économique gagnant-gagnant entre la France et le Maroc pour sceller dans le marbre les retrouvailles entre les deux pays. Laurent Fabius sera reçu par le premier ministre Abdalilah Benkirane et le ministre des affaires étrangères Salaheddine Mezouar. Sur la place économique marocaine, les entreprises françaises ont une compétition à livrer et un retard à combler. Sans compter qu’elles ambitionnent aussi de profiter du nouveau carnet d’adresse africain du Maroc pour lancer de nouveaux projets économiques.

A la veille du déplacement de Laurent Fabius, la diplomatie française a tenu à lever une tenace ambiguïté qui commençait à s’installer dans les esprits. le rapprochement entre Rabat et Paris ne doit pas se faire au détriment des relations avec Alger et vice versa… Le leitmotiv actuel français est le suivant : " Paris voudrait être l’ami des deux pays et non de l’un au détriment de l’autre » ». Paris ambitionne d’avoir des relations particulières avec les deux pays ( Maroc, Algérie) en même temps ". Cette explication française n’est pas fortuite, elle intervient dans un contexte où de nombreuses voix s’étaient élevées pour attribuer les origines de la crise franco-marocaine au tropisme traditionnel des socialistes français à l’égard de l’Algérie qui se fait au détriment du Maroc. Laurent Fabius, avant Manuel Valls, aura cette tâche extrêmement sensible de mettre fin à cette légende et de tourner définitivement les ressorts d’une brouille qui a empoisonné leurs relations pendant une longue année. .

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