La mauvaise humeur d’Alger à l’égard de Paris

Nouveau signe de la mauvaise humeur d’Alger à l’égard de Paris, un député algérien propose de criminaliser le colonialisme français de 1830 à 1962. Mesure de rétorsion ? L’inscription de l’Algérie sur la liste des pays à risque pour les transports aériens aux Etats-Unis, reprise par la France, suscite en effet la colère des autorités algériennes qui ont dénoncé maintes fois une « provocation ».

Représentant du Front de libération nationale (FLN), Moussa Abdi a déposé, le 13 janvier, une proposition de loi à l’Assemblée populaire nationale visant à juger les "responsables de crimes coloniaux". Pour le Quai d’Orsay, si le thème de la colonisation revient souvent dans les relations contrariées qu’entretiennent la France et l’Algérie, il s’agit là, d’un "angle nouveau".

Signé par 125 députés du FLN, du Rassemblement national démocratique (RND), et du Mouvement pour la société de la paix (MSP, islamiste), qui forment l’Alliance présidentielle, le texte reste pour l’instant à l’état de menace. "L’exécutif algérien n’a aucunement pris position sur cette proposition, son inscription à l’ordre du jour n’est donc pas certaine", a d’ailleurs souligné le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, interpellé, mardi 9 février, sur le sujet à l’Assemblée.

Au siège du FLN, à Alger, on relativise aussi l’initiative. "La prochaine cession du Parlement n’aura pas lieu avant début mars", indique un député au téléphone, non signataire du projet et soucieux de garder l’anonymat. Mais, justifie ce dernier, "des mesures ont joué un rôle négatif sur l’opinion". En ligne de mire : le renforcement des contrôles dans les aéroports mais aussi l’écho du débat sur l’identité nationale en France.

"La proposition de loi algérienne est une mesure de rétorsion", estime Hervé Gaymard. Le député UMP de Savoie, rapporteur de la convention franco-algérienne dont l’examen était prévu mardi à Paris, a pu la faire adopter malgré l’opposition de cinq élus UMP. Thierry Mariani, notamment, demandait son report, en réaction à l’initiative de M. Abdi. Ratifiée par Alger en 2007 puis par le Sénat français, cette convention doit renforcer la coopération technique, culturelle et éducative.

Autre signe de crispation envoyé par Alger, le président de l’Assemblée algérienne, Abdelazziz Ziari, a annoncé le gel de la création d’une grande commission parlementaire algéro-française sur le modèle de celles qui existent déjà avec la Russie et le Québec. Pourtant, le déplacement de M. Kouchner, à Alger, ajourné à deux reprises, devrait avoir lieu début mars. Un geste pourrait être perçu comme une volonté d’apaisement de la France à l’égard d’Alger: le non-lieu requis le 9 février par le parquet de Paris en faveur du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, interpellé en France en 2008 et placé sous contrôle judiciaire dans l’enquête sur l’assassinat de l’opposant Ali Mecili, en 1987, à Paris.

Isabelle Mandraud

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