La mairie de Nice s’oppose au mariage civil d’un couple musulman

La justice, saisie par la ville de Nice en vertu de l’article 175-2 du code civil, a suspendu lundi 23 mars la célébration du mariage civil d’un couple de confession musulmane. La municipalité a émis des doutes sur le consentement des époux, mais ce sont des soupçons de radicalisation qui ont motivé sa décision.

Le futur marié avait été condamné le 21 janvier par le tribunal correctionnel de Nice, aux côtés de deux autres hommes de confession musulmane, à six mois de prison avec sursis pour avoir agressé un boulanger qu’ils accusaient de pas être un « bon musulman ». L’homme faisait l’objet d’une fiche d’individu à surveiller à la direction générale de la sécurité intérieure, comme étant susceptible d’aller faire le djihad à l’étranger.

Comme l’explique l’adjoint au maire de la ville de Nice, Auguste Vérola, au micro de France Bleu Côte d’Azur : « Il y avait des soupçons de djihadisme. On pense que l’un ou l’autre des époux souhaite partir faire le djihad à l’étranger, en Syrie ou ailleurs. » « Le procureur de la République a fait savoir lundi matin qu’il recevait cette opposition et a prononcé un sursis à la célébration dudit mariage », a précisé pour sa part une porte-parole de la mairie. L’annulation de la cérémonie avait été annoncée samedi au couple.

La jeune femme "dans un phénomène de radicalisation"

En milieu de matinée, Christian Estrosi, le député-maire UMP de la ville, a expliqué que la jeune femme de 21 ans « était engagée dans un phénomène de radicalisation [qui s’était] amplifié ces derniers mois », signalé par la cellule de lutte, d’écoute et d’action contre les dérives fondamentalistes mise en place par la ville en octobre dernier. Cette cellule municipale, qui aide vingt familles, a déjà fait l’objet de deux cents appels et trente signalements.

« Quant on sait par ailleurs que le futur époux a été condamné, il y a moins de deux mois, pour violence en groupe contre un boulanger qui avait commis pour seul méfait de vendre des sandwichs au jambon et des babas au rhum, je considère que je suis légitime à saisir le procureur », a ajouté M. Estrosi.

Vêtue d’une tenue « proche du niqab », la jeune femme s’est toutefois rendue lundi après-midi au service de l’état civil de la mairie en compagnie de son futur époux, âgé de 28 ans, et de proches pour exprimer son mécontentement. Une douzaine de véhicules ont « bloqu[é] » la rue de l’hôtel de ville en « faisant un usage intempestif des avertisseurs », a précisé la mairie.

Au terme de l’enquête, un nouveau sursis pour l’union peut être prononcé. Le procureur peut aussi autoriser ou refuser ce mariage si les doutes sur le consentement sont fondés. L’avocat du futur marié n’a pas souhaité communiquer sur cette affaire avant de s’entretenir avec son client.

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