La justice s’oppose à la suspension de Jean-Marie Le Pen du FN

Le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) a annulé jeudi pour une question de forme la suspension de Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national, par un bureau exécutif du parti d’extrême droite le 4 mai. Le parti « devra rétablir M. Jean-Marie Le Pen dans tous les droits attachés à sa qualité d’adhérent et, le cas échéant, à celle de président d’honneur », précise le jugement.

À l’audience, le 12 juin, le cofondateur et chef historique du FN pendant près de 40 ans avait demandé l’annulation de sa suspension en tant qu’adhérent, prononcée le 4 mai par la plus haute instance du parti, une décision qu’il juge « illégale, anormale et excessive ». Surtout, le « Menhir », 87 ans, contestait la « privation de ses droits » en tant que président d’honneur qui en avait découlé, estimant que cette fonction dont il jouit depuis 2011, qui le rendait membre de droit de toutes les instances internes, n’est pas liée à sa qualité d’adhérent.
Des militants acquis à la cause de Marine

Les débats avaient duré plus de deux heures, centrés sur le droit des associations et les statuts du Front national. Marine Le Pen, présidente du parti, avait fait suspendre son père après une nouvelle salve de provocations début avril, guère nouvelles sur le fond : répétition de sa vision plusieurs fois condamnée par la justice des chambres à gaz, « détail » de l’Histoire, défense du maréchal Pétain, du « monde blanc » et critique en règle de la démocratie.

Mais Jean-Marie Le Pen devrait toutefois perdre sa présidence d’honneur du FN : dans la foulée de la sanction, le parti a organisé un congrès extraordinaire par voie postale pour soumettre les nouveaux statuts du parti, où ne figure plus le titre honorifique, au vote de plus de 51 000 adhérents. Ce congrès, base militante largement acquise à la cause de Marine Le Pen, suivra l’avis des instances du FN, assurent les proches de la présidente du parti, scellant le sort de la présidence d’honneur du cofondateur. Les courriers ont été envoyés le 22 juin et les frontistes ont jusqu’au 10 juillet pour retourner leur bulletin de vote.

« Une rupture aux torts exclusifs »

Jean-Marie Le Pen a appelé les adhérents du FN à ne pas participer au vote. « D’abord, il n’est pas secret, et surtout c’est un piège destiné à changer l’orientation politique du Front national », a-t-il assuré dans un tweet. Jean-Marie Le Pen, dans son assignation, accusait le FN de vouloir « l’affaiblir » en le suspendant avant le congrès pour « n’avoir plus ainsi à présenter qu’un cadavre politique » au vote des adhérents. Il demandait donc aux juges de « lui rendre sa visibilité », selon son avocat, et d’infliger au FN une astreinte de 10 000 euros par infraction constatée s’il devait rester privé de ses prérogatives de président d’honneur.

Dans sa plaidoirie, son avocat avait tenté de démontrer que le bureau exécutif qui l’a suspendu n’en avait pas la compétence. « Le respect de la procédure interne a été appliqué », avait riposté l’avocat du parti, Me Frédéric-Pierre Vos, rappelant que Jean-Marie Le Pen avait séché ce bureau exécutif. L’avocat du FN a demandé au tribunal de se déclarer incompétent sur cette affaire interne à la vie d’un parti ou, à défaut, de proposer une conciliation. Il a également invité les juges à constater que les prises de position polémiques de Jean-Marie Le Pen constituent « une rupture aux torts exclusifs » de l’ancien président. Marine Le Pen, de son côté, avait déclaré peu avant l’audience n’avoir « aucune crainte » quant à l’offensive judiciaire paternelle.

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