La copie consensuelle du synode sur la famille

Si les débats ont été âpres, le synode sur la famille a remis au pape François un rapport consensuel sans véritables avancées significatives.

Tout avait commencé par une polémique – le coming out d’un prêtre. Tout se termine avec un rapport consensuel. Le synode sur la famille a remis samedi soir au pape François un rapport final qui ne propose pas de percées majeures sur les sujets sensibles mais permet un examen au cas par cas de la situation des divorcés remariés. Après trois semaines de débats parfois tendus, chacun des 94 articles du texte a recueilli la majorité requise des deux tiers des voix des 270 évêques.

Les plus disputés, les trois paragraphes concernant les divorcés remariés, ont été adoptés de justesse : sans jamais évoquer clairement un éventuel accès à la communion de ces personnes que l’Eglise considère comme infidèles à leur premier conjoint, ils insistent sur un examen de chaque situation. "On ne peut nier que, dans certaines circonstances (liées à la crise d’un couple), les responsabilités d’une action peuvent être diminuées ou annulées (…). Les conséquences des actes accomplis ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les cas", affirme le paragraphe qui a rencontré le plus d’oppositions (adopté par 178 voix contre 80).

Les conclusions du pape feront autorité

Le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi, a souligné samedi soir que ce document comportait des propositions faites au pape, qui doit désormais décider des orientations à prendre. Les pères synodaux ont d’ailleurs demandé au pontife argentin de produire un "document sur la famille". Les conclusions du pape, qui feront autorité, ne sont cependant pas attendues avant l’année prochaine. Il devrait éviter toute décision qui pourrait diviser davantage l’Eglise, même s’il a appelé vendredi les chrétiens à se tenir prêts à "changer sans cesse", à l’écoute "des signes des temps". Dans son discours de clôture samedi soir, François a reconnu que le synode n’avait pas trouvé de "solutions exhaustives à toutes les difficultés et aux doutes qui défient et menacent la famille", mais estimé qu’il les avait examinés "sans peur et sans se cacher la tête dans le sable". "Sans jamais tomber dans le piège du relativisme ou de la diabolisation des autres, nous avons cherché à embrasser pleinement et courageusement la bonté et la miséricorde de Dieu qui ne désire rien d’autre que tous les hommes soient sauvés", a-t-il ajouté.

Autre sujet particulièrement attendu, même s’il a peu été abordé pendant les débats, l’homosexualité n’est mentionnée que dans un seul article du rapport final, qui assure que chacun mérite respect et dignité mais réitère la ferme opposition de l’Eglise à toute reconnaissance des couples de même sexe et se contente d’appeler à un effort d’accompagnement particulier pour les proches des personnes homosexuelles. Ces derniers jours, des conservateurs avaient fait savoir qu’ils trouvaient le rapport "confus", tandis que des progressistes l’avaient jugé "timoré".

L’homosexualité, un sujet "trop délicat"

A la mi-journée, le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, avait prévenu qu’il y aurait "des déçus", expliquant par exemple que l’homosexualité était un sujet "trop délicat" pour être évoqué au niveau synodal, avec des prélats venant de pays où le sujet reste tabou. "Ce qui semble normal pour un évêque d’un continent peut se révéler étrange, presque scandaleux, pour l’évêque d’un autre continent", a d’ailleurs relevé le pape samedi soir. En convoquant deux synodes successifs sur la famille -en octobre 2014 et octobre 2015-, il avait souhaité que l’Eglise fasse son "aggiornamento" en remettant le mariage traditionnel à l’honneur mais aussi en se montrant plus bienveillante à l’égard tous ceux qui ne sont pas "en règle" : unions libres, divorcés remariés, homosexuels, familles recomposées, polygames, etc.

Dans un discours remarqué au milieu du synode, le pontife a aussi demandé plus de collégialité dans l’Eglise. Selon certains participants, cette décentralisation pourrait permettre aux évêques et aux prêtres de juger au cas par cas l’accès à la communion. Mais beaucoup de prélats redoutent, en raison de la diversité des problématiques, que cela ne conduise à une dispersion et à la division. La place des femmes a fait l’objet de divergences, certains prélats se montrant très déçus du manque d’ouverture de l’Eglise sur le sujet ou relevant l’incongruité de ces débats sur la famille menés quasi exclusivement par des hommes ayant fait voeu de célibat.

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