La communauté catholique de Libye n’entend pas abandonner le pays

La nonciature apostolique réaffirme qu’à Tripoli comme à Benghazi, les religieuses veulent poursuivre leur mission de service pour les populations

La situation en Libye fait chaque jour craindre le pire. Les manifestations des populations, surtout à partir de l’est du pays, les menaces de les écraser, jettent littéralement sur les principaux aéroports tout ce que le pays compte d’étrangers. Travailleurs saisonniers, employés des sociétés internationales, cadres ou experts : les étrangers de toutes nationalités quittent la Libye. Pris en tenailles, des ressortissants de l’Afrique subsaharienne naguère salariés taillables et corvéables et, aussi, candidats à la traversée clandestine vers l’Europe, sont aujourd’hui pourchassés. Il y a déjà eu des lynchages publics, sous l’accusation d’être des mercenaires venus du Bénin, du Nigéria, du Tchad ou du Sud pour aider le régime vacillant.

L’Eglise catholique qui ne compte que deux vicariats dans le pays, à Tripoli et à Benghazi justement, a décidé de ne pas suivre le mouvement. Les missionnaires étrangers sont en Libye au service des populations, ce n’est donc pas au moment où tout le monde parle d’un risque de guerre civile qu’il faut les abandonner à leur triste sort. Comme dans les autres pays du Maghreb, l’Eglise catholique de Libye, pays majoritairement musulman, est essentiellement constituée d’expatriés.

Le nonce apostolique pour la Libye et Malte, Mgr Tommaso Caputo, a été interrogé sur ses intentionset ses consignes : partir ou rester ? Sa réponse a été claire : malgré la possibilité d’être évacué par son pays d’origine, l’Italie, il a décidé de rester sur place : « La plupart des religieuses qui œuvrent dans le pays composent 16 communautés. En ces heures particulièrement difficiles elles restent aux côtés des populations qui souffrent. Leur aide, surtout dans le domaine sanitaire, est précieuse. »

Mgr Caputo a indiqué que cette volonté, non imposée, est partagée par la quinzaine de prêtres catholiques étrangers dans le pays – et donc par lui-même. Car, a-t-il précisé, « même dans le contexte actuel, le peuple libyen comme à son habitude, manifeste une grande appréciation pour la présence et le service des religieuses et des prêtres catholiques. Les Libyens le démontrent ces derniers jours par des gestes de bonne volonté et de protection des communautés religieuses ». Il n’a pas jugé utile de préciser que dans ces conditions, quitter la Libye avec le flot des rapatriés de toutes nationalités serait pour les catholiques comme de la trahison et de la non-assistance à personne en danger. Mais pour tout le monde, le message est clair.

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