La Malaisie adopte une loi antiterroriste controversée

Le Parlement malaisien a adopté mardi une loi antiterroriste dénoncée par l’opposition, au lendemain de l’annonce par la police de l’arrestation de 17 personnes soupçonnées de préparer des attentats.

L’objectif affiché de cette loi est de contrer les menaces d’extrémistes islamistes dans ce pays d’Asie du Sud-Est à majorité musulmane, mais l’opposition redoute un nouveau tour de vis contre les critiques du régime.

Ce texte autorisant la détention sans charge de personnes soupçonnées de terrorisme a été adopté après minuit, à l’issue d’un débat de 15 heures, selon des médias en Malaisie.

"Il introduit la détention à long terme sans procès, ouvre la voie aux abus et constitue une sérieuse atteinte à la démocratie", a déploré un député de l’opposition, N. Surendran.

Des dizaines d’opposants critiquant le gouvernement — hommes politiques, intellectuels, militants et journalistes — ont été arrêtés ces derniers mois, notamment pour insurrection.

La nouvelle loi a été adoptée au lendemain de l’annonce par la police de l’arrestation de 17 personnes soupçonnées de préparer des attentats, alors que les autorités s’inquiètent de l’influence dans le pays du groupe Etat islamique (EI), des dizaines de militants islamistes étant partis rejoindre cette organisation jihadiste en Syrie et en Irak.

"Dix-sept personnes âgées de 14 à 49 ans ont été arrêtées pendant une réunion secrète pour préparer des attentats. L’objectif de ce nouveau groupe terroriste était de créer en Malaisie une organisation sur le modèle de l’Etat islamique", a précisé mardi le directeur de la police nationale, Khalid Abu Bakar. Deux des suspects revenaient de Syrie.

La police avait indiqué en janvier avoir arrêté au total 120 personnes soupçonnées d’entretenir des liens avec l’EI ou d’avoir cherché à se rendre en Syrie ou en Irak — pays où le groupe extrémiste contrôle de vastes territoires –. Selon elle, 67 Malaisiens se seraient rendus à l’étranger pour rejoindre l’organisation jihadiste aux méthodes ultra-violentes.

La nouvelle législation antiterroriste a ravivé les craintes d’un retour d’une précédente loi sur la sécurité intérieure autorisant la détention sans procès, qui aurait été utilisée contre des hommes politiques de l’opposition. Le texte avait été abrogé en 2012.

L’adoption de la nouvelle loi est "un énorme pas en arrière pour les droits de l’homme en Malaisie", a déploré le directeur adjoint pour l’Asie de l’ONG Human Rights Watch (HRW).

La coalition gouvernementale au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1957 a lancé une campagne de répression contre la liberté d’expression et d’autres libertés civiles après avoir essuyé de mauvais résultats aux élections de 2013.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite