La France lance la réforme du culte musulman

Bernard Cazeneuve, ministre français de l’Intérieur, chargé des cultes, lance ce mercredi le projet de réforme du culte musulman et annonce la création d’une « instance de dialogue », qui se réunira deux fois par an autour du Premier ministre « pour discuter de questions très concrètes ».

Si le ministre précise que le Conseil français du culte musulman (CFCM) restera la pierre angulaire de cette instance, il n’en demeure pas moins que la mise en place de cette instance constitue un échec du CFCM.

Selon Bernard cazeneuve, « Il s’agit de bâtir l’instance la plus représentative possible » qui doit permettre au CFCM de se nourrir de ces apports, se refonder, se projeter dans l’avenir et élargir le champ de ses compétences.

"Il ne s’agit pas d’une reprise en main, l’Etat est seulement à l’initiative", souligne-t-on dans l’entourage du ministre, précisant que l’idée est d’ouvrir l’instance actuelle à des personnalités et à des mosquées autonomes, par exemple.

Cette instance rassemblera le Conseil français du culte musulman (CFCM), créé en 2003 déjà sous l’égide du gouvernement, ainsi que des imams et des intellectuels "représentatifs d’un islam modéré de tolérance", a précisé le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Le Premier ministre Manuel Valls avait annoncé le 12 février un cycle de consultations sur l’avenir de l’organisation du culte musulman en France, alors que le CFCM peine à répondre aux besoins de la plus importante communauté musulmane d’Europe, estimée à 5 millions de personnes.

Cette nouvelle instance se réunira "deux fois par an autour du Premier ministre" pour "traiter de questions précises" telles que la formation des imams ou l’abattage rituel par exemple, "dans le respect rigoureux des principes de la laïcité", a ajouté le ministre de l’Intérieur.

M. Cazeneuve a insisté "sur la compatibilité de l’Islam et de la République". Il faut "que tous ceux qui sont attachés aux principes républicains de l’Islam de France puissent le dire". "Cela suppose une application stricte et rigoureuse de la laïcité et des lois de la République" sur lesquelles il ne saurait être tolérée "aucune faiblesse", a-t-il rappelé.

Les pouvoirs publics s’inquiètent d’une montée de l’islamisme radical parmi une partie de la jeunesse, révélée par les attentats jihadistes des 7 au 9 janvier à Paris (17 morts au total) et le départ de centaines de Français vers la Syrie ou l’Irak pour rejoindre les rangs du groupe Etat islamique.

La laïcité suppose aussi "que la République protège tous ses enfants, et notamment les mosquées de tous les actes antimusulmans", a ajouté le ministre de l’Intérieur, rappelant qu’il y avait eu en janvier "autant d’actes antimusulmans que pendant tout 2014".

M. Cazeneuve a aussi annoncé le développement de "diplômes universitaires accessibles aux imams", qui seront notamment exigés pour les aumôniers recrutés par l’Etat pour exercer à l’armée et dans les prisons.

« L’Etat n’a pas vocation à organiser le culte musulman ! Il doit fixer des objectifs et des principes », s’est défendu le ministre dans un entretien au journal Monde, indiquant que les objectifs, « c’est dialoguer, avoir des imams et des aumôniers formés, notamment aux principes de la République, d’où notre volonté de développer les diplômes universitaires de formation civique et civile ».
« Nous voulons porter leur nombre de six à une douzaine. Nous voyons avec intérêt les représentants du culte musulman avoir le souci de l’excellence de la formation des imams, au moment où l’on constate à quel point l’ignorance est la porte vers l’obscurantisme et vers la barbarie», a-t-il dit

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