La Drôme, nid de crocodiles à admirer et étudier

Ce sont près de 400 crocodiles qui s’ébattent à Pierrelatte, dans la Drôme, dans un des plus grands parcs animaliers d’Europe. Ouvert en 1994 par deux frères, Eric et Luc Fougeirol, le parc à la serre de 8 000 m2 va s’étendre, d’ici à l’été, de 4 000 m2 à l’extérieur.

La Drôme, nid de crocodiles à admirer et étudier
Samuel Martin, directeur de la ferme, vétérinaire et vice-président pour l’Europe et l’Afrique de l’Ouest du groupe spécialiste des crocodiles de l’Union mondiale pour la nature, est l’instigateur du projet de bassins extérieurs pour les animaux. "Je suis sûr que les animaux évolueront librement dedans comme dehors, dans l’eau comme à l’extérieur", répond-il à ceux qui pensent que les crocodiles préféreront toujours la chaleur de la serre à l’environnement extérieur. "Les animaux sont très autonomes et curieux, ils auront envie de voir ce qu’il y a de l’autre côté."

Malgré l’ambiance exotique et les touristes qui arpentent les allées au-dessus du crocodile du Nil, du gavial du Gange ou du caïman noir, la ferme n’est pas qu’un parc pour les curieux. Depuis 1998, elle est également un lieu de recherche scientifique puisqu’elle s’est dotée d’un laboratoire et d’une écloserie, et qu’elle accueille régulièrement des scientifiques de la région, mais aussi internationaux.

Symbole parfait de cette double fonction, ludique et scientifique, deux alligators albinos sont arrivés en février à la ferme. Au nombre d’une vingtaine dans le monde, ces alligators très rares sont venus de Louisiane pour permettre aux chercheurs européens de comprendre les particularités de l’albinisme sur les crocodiliens. Due à une anomalie génétique, cette absence de pigmentation impose aux crocodiliens de ne pas s’exposer au soleil, ce qui est paradoxalement obligatoire à ces animaux à sang-froid pour réguler leur température. Plus qu’un défi scientifique, ils sont également un des points phares du tour des visiteurs, attirés par leur physique étonnant, leur peau blanche et leurs yeux rouges.

Parmi les nombreuses équipes scientifiques, les docteurs en paléontologie Jérémy Martin et Vincent Balter, de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, viennent étudier pour le laboratoire des sciences de la Terre du CNRS le paléo-métabolisme des crocodiliens. Ils tentent ainsi d’établir l’évolution de ces animaux si proches des dinosaures dans le contexte de changements environnementaux, dans le but de reconstruire les relations trophiques (l’évolution de la chaîne alimentaire) d’organismes disparus.

Une équipe de chercheurs de la faculté d’éthologie (l’étude du comportement) de Dijon travaille par ailleurs sur la communication entre crocodiles. Une doctorante étudie l’utilisation des sons tandis qu’une autre équipe s’est penchée sur leur communication chimique, à l’odorat.

Enfin, une troisième équipe menée par Laurent Viriot, de l’ENS de Lyon, s’intéresse aux dents des crocodiles. "On cherche à comprendre comment les mammifères, dont les ancêtres reptiliens avaient cette capacité de renouvellement, l’ont perdue, et à isoler la cause du renouvellement pour apprendre à reformer un germe dentaire", explique le chercheur. Pour pouvoir peut-être un jour faire repousser les dents des humains, "mais c’est encore de la science-fiction", reconnaît-il.

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