La COP-21 doit réussir sinon « la planète deviendra invivable » (Fabius)

La COP-21 doit déboucher à Paris sur un « compromis ambitieux » entre pays riches et en développement pour limiter le réchauffement climatique à 2°c, sinon notre planète deviendra invivable », a plaidé dimanche à Brasilia le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

"Il faut que ce soit un succès", a déclaré M. Fabius dans un entretien à l’AFP, à une semaine du coup d’envoi de la COP21 qu’il présidera en présence de 138 chefs d’États et de gouvernement.

"Il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y a pas de planète B. Les gaz à effet de serre se répandent dans l’atmosphère et ils y restent pour des dizaines, des centaines d’années. Si l’on n’agit pas vite, on va très vite dépasser les limites et ce sera irréversible", a insisté le chef de la diplomatie française.

"On ne va pas tout résoudre d’un coup", a-t-il concédé. "Mais Paris doit être un +turning point+".

M. Fabius s’exprimait après avoir rencontré la présidente brésilienne Dilma Rousseff, dont il a loué les engagement "ambitieux et exemplaires en faveur de la réduction des gaz à effet de serre".

Il s’est auparavant rendu en Inde – le quatrième pays émetteur de gaz à effet de serre – et en Afrique du Sud, à la tête du G77 (groupe réunissant 134 pays en voie de développement), deux autres pays "sans lesquels il ne peut y avoir d’accord".

"Je compte beaucoup m’appuyer sur la volonté de succès du Brésil et sur sa réputation forte dans ce domaine pour convaincre", a-t-il déclaré.

Le Brésil s’est engagé à réduire de 37% ses émissions polluantes d’ici 2025 et de 43% d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005.

Les autres grands pays émergents promettent au mieux à ce stade de réduire la progression de leurs émissions de CO2.

De nombreux pierres d’achoppement subsistent entre pays riches qui ont une responsabilité historique dans le réchauffement climatique et les grands pays en développement comme la Chine ou l’Inde devenus à leur tour de grands émetteurs de CO2 en raison de leur dépendance au charbon.

– Difficultés au nord et sud

Les pays développés s’étaient engagés à Copenhague en 2009 à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement.

Mais le compte n’y est pas encore et M. Fabius juge nécessaire un "effort supplémentaire: nous considérons que les pays riches doivent honorer leurs engagements".

Un rapport de l’OCDE publié récemment à Lima chiffre les engagements à 62 milliards de dollars en 2014.

Depuis ce rapport, "plusieurs pays ont pris des engagements supplémentaires. Les banques multilatérales aussi, et tout cela fait qu’il y a eu 15 milliards de dollars en plus", souligne M. Fabius, qui espère notamment des gestes supplémentaires du Canada et de l’Australie.

Autre difficulté, l’opposition du Congrès des Etats-Unis à majorité républicaine à un accord "légalement contraignant".

"Nous avons eu des discussions avec (le secrétaire d’Etat) John Kerry. Bien évidemment il faut que le texte comporte des dispositions juridiquement contraignantes, ce n’est pas une discussion de salon", a-t-il commenté.

"La question est de savoir si l’ensemble va être qualifié de Traité, auquel cas il doit être soumis intégralement au Congrès américain, ce qui pose une difficulté. Donc en fait, a-t-il expliqué, ce qui va se passer, c’est que chacune des dispositions du texte apportera en fonction de sa formulation une réponse à la question du juridiquement contraignant".

Il y a des difficultés aussi du côté des pays du sud, reconnaît M. Fabius.

L’Inde "fait valoir que ses émissions par habitant restent faibles; les petites îles disent: +c’est très intéressant ce que vous proposez mais nous allons être submergés+. Enfin les pays producteurs de pétrole comprennent bien la nécessité de réduire les émissions de CO2 mais font valoir que c’est leur richesse et qu’ils ne peuvent y renoncer", souligne le ministre français.

"C’est pourquoi, conclut M. Fabius, nous cherchons des formulations qui permettent de rapprocher les uns et les autres puisqu’un accord n’est possible que par le consensus".

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