L’odyssée tragi-comique de trois Bruxellois qui partent en Djihad au théâtre Mohammed V de Rabat

Forte d’un grand succès, la pièce « Djihad » ou l’odyssée tragi-comique de trois Bruxellois qui partent en Djihad, sera présentée ce samedi soir au théâtre national Mohammed V à Rabat. Le spectacle est soutenu en France par le ministère de L’Education Nationale et reconnu en Belgique d’utilité publique depuis mars 2016.

La présentation de la pièce Djihad, organisée en partenariat avec l’Institut français au Maroc, inclut El Jedida, Rabat, Fès et Tanger.

Le parti pris était risqué mais hautement réussi. Ismaël Saïdi, Belge d’origine marocaine, traite d’un sujet qui effraie le grand public. La pièce Djihad donne en effet un visage à ces jeunes qui rejoignent les rangs de Daech et raconte les déboires de trois jeunes paumés et radicalisés qui se cassent les dents en Syrie.

C’est l’histoire de Reda, Ismaël et Ben, trois « musulmans d’ici », qui s’embarquent dans ce qu’ils croient être leur meilleur moyen d’exister et qui finissent par faire face à une réalité violente et obscurantiste bien loin de l’idylle valeureuse qu’ils avaient en tête. La pièce fait rire des clichés de toutes les religions et lève le silence sur ce qui est devenu tabou : la peur de l’autre et ce qu’elle déclenche.

L’auteur Ismaël Saïdi prend le parti de faire tomber les murs entre les communautés et aspire, entre rires et larmes, à un meilleur "vivre ensemble".

Ismaël Saidi doit sa célébrité à la pièce Djihad dont il est l’auteur et le metteur en scène. Ce Belge francophone d’origine marocaine, comédien, scénariste, réalisateur et producteur depuis le début des années 2000, est aussi dans la vie un homme engagé en faveur du rassemblement de toutes les cultures, un militantisme qu’il mène depuis le début de sa carrière parallèlement à sa passion pour le spectacle.

Né en Belgique, il grandit à Schaerbeek dans un milieu parfois difficile qui l’amènera d’ailleurs, plus tard, à entamer une carrière dans la police. Diplômé en relations publiques et en sciences sociales, les rapports humains sont alors au cœur de son inspiration et de ses intérêts : ses études l’amènent à mettre des mots sur les tensions sociales qui le taraudent et il s’engage dans la police. Il bifurque vers l’écriture, plus tard, et se lance dans la réalisation de plusieurs courts-métrages entre 2004 et 2005, qui traitent le plus souvent de l’absurdité des préjugés et des stéréotypes.

Ces intolérances sociales ne font qu’alimenter son inspiration et son humour, si bien qu’il en vient à écrire des longs métrages comiques traitant toujours de multiculturalité – tel que Maroccon Gigolos, en 2013, un succès au box-office belge, qui a été sélectionné pour la 5ème édition des Magritte.

Le journal Le Monde a dressé un portrait dithyrambique de l’auteur : "Il y a du Coluche en lui. Ismaël Saidi, c’est l’histoire d’un mec normal que les médias du monde entier s’arrachent".

Après « Djihad » et les mésaventures de trois jeunes paumés radicalisés, la noire « Géhenne », dans laquelle un islamiste incarcéré à vie se met à douter d’Allah, Ismaël Saidi écrit actuellement le dernier volet de ce qui sera une trilogie. Intitulée « Eden », il s’agira d’une pièce « sur la façon d’éviter que les gens vous détestent quand vous ressemblez à des gens qui ont commis des atrocités ». Notamment en essayant de renouer. « Quand on renoue, il n’y a plus d’amalgames », estime l’auteur, qui promet que cela se terminera bien, dans le ton léger de « Djihad ». Au même moment, en 2019, il devrait débuter le tournage de « Djihad » le long-métrage.

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