L’impossible retour de DSK?

Le dernier rebondissent de l’affaire DSK a été spectaculaire dans le tournant qu’il imprime au destin de l’ancien patron du FMI. Que des inconditionnels de Dominique Strauss-Kahn crient leur joie et leur soulagement de voir leur champion s’extirper doucement de la main de fer judiciaire américaine est dans l’ordre naturel des choses, que certains lui prévoient un retour sur la scène politique française pour y reprendre le rôle qu’il comptait y jouer avant la mésaventure de l’hôtel Sofitel relève plus aujourd’hui du désir fantasmé que d’une clairvoyante réalité.

Ce qui a frappé les imaginations en ce jour où le destin de DSK semblait basculer de nouveau est la précipitation avec laquelle ses amis ont décidé d’anticiper son retour. Alors que la justice américaine ne faisait qu’alléger son système de liberté surveillée sur la fois d’une perte de crédibilité de la plaignante, on se mettait déjà à rêver et à programmer un retour de DSK sur la scène politique française. Les plus passionnés le décrivait déjà dans une démarche de revancharde, venu réclamer son du à tous ceux qui, profitant de son absence, sont partagés son héritage.

Et si la question qui dominait la plupart des débats n’était pas: ce nouveau rebondissement peut-il aider à blanchir DSK et à le laver de toute accusation? Mais bien celle-là: DSK pourrait-il participer aux primaires socialistes et donc prétendre à conduire le leadership socialiste pour les présidentielles? Le simple fait de poser la question à ce stade de la procédure laisse croire à une hallucination collective voulue par les fidèles de DSK. Comme pour se venger de la facilité avec laquelle les médias français, subissant le rythme du temps judiciaire américain, s’étaient engouffrés dans son enterrement politique sans fleurs ni couronnes.

Un retour de DSK sur la scène politique française demeure-il donc possible? Les différents leaders du PS ont joué la partition de la commisération et de la solidarité. François Hollande a poussé la générosité jusqu’à proposer le report de la date de clôture de dépôt de candidature pour les primaires socialistes. Tout cela pour donner la chance â DSK de rattraper son retard dans l’hypothèse où il est blanchi par la justice américaine.

Mais même dans cette hypothèse, à voir la combativité agressive de l’avocat de Nafissatou Diallou , Me Kenneth Thompson, le retour de DSK aux premiers loges du combat politique français parait lourdement compromis. Et ce, pour plusieurs raisons. La première est que les amis de DSK, dans leur passionnante cécité, font comme si leur champion a conservé intact sa popularité et sa crédibilité alors que l’ouragan new-yorkais a levé le voile sur une vie sexuelle extrêmement instable.
Même si la mode de l’instant est de broder sur la capacité amnésique de l’opinion française, capable de pardonner à ses héros leurs pires turpitudes, il n’est pas certain que le sondage montrerait la même mansuétude, le même désir à l’égard de DSK avec la même ferveur qu’à l’époque où il incarnait le grand espoir alternatif â Nicolas Sarkozy.

La seconde raison qui rend ce retour impossible est que les socialistes se sont déjà organisés en son absence. François Hollande a fendu l’armure. Martine Aubry vaincu sa peur du vide et Ségolène Royal s’est remise à rêver d’une revanche. Même les fidèles Strauss-kahniens se sont repartis dans les différentes écuries socialistes. Pierre Moscovici a accroché son wagon à la locomotive Hollande et Jean François Cambadelis a fait allégeance à Martine Aubry.

La troisième raison qui rend ce come back extrêmement délicat est la capacité même de DSK d’affronter les questionnements sur ce qui s’est réellement passé dans la suite 2806 du l’hôtel Sofitel de Manhattan. Même en cas de blanchiment total par la justice américain, DSK aura toutes les difficultés du monde à expliquer comment il s’est retrouvé à subir les affres d’une telle situation, lui le prétendant à la fonction suprême. Il est vrai que les agences de communications font des miracles avec leurs capacités de redorer les blasons, mais dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, quelque chose, en termes de crédibilité, semble définitivement cassé, impossible à recoller sous peine de faire du bricolage.

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