L’impossible mission de Nicolas Sarkozy

L’impossible mission de Nicolas Sarkozy
Faut- il croire Alain Juppé lorsqu’il affirme que rien n’est joué et que Nicolas Sarkozy peut remporter l’élection présidentielle le 6 mai prochain ?

Y a-t-il encore un suspens au lendemain d’un premier tour marqué par la percée de Marine Le Pen qui a totalisé 6,3 millions de voix, soit 1,5 million de plus que son père le 21 avril 2002 ?

Trois arguments sont invoqués par la droite :

-d’abord la faible dynamique du candidat socialiste qui, avec 28,6% des suffrages exprimés, ne devance que de 560 000 voix son rival UMP ;

– ensuite, le total des voix de gauche -43,7%- plus faible que celui espéré par François Hollande et ce en raison du score médiocre de Jean- Luc Mélenchon ( 11,4% )

-enfin , la bonne résistance de Nicolas Sarkozy qui, pris pour cible par les neuf autres candidats, a recueilli 27,06% des suffrages. Autrement dit, ne n’est pas écroulé . Et a fait nettement mieux que Jacques Chirac le 21 avril 2002 ( 19,9% des suffrages).

Tout cela est vrai mais deux arguments viennent contrebalancer cette démonstration :

– Nicolas Sarkozy est le premier président sortant à ne pas arriver en tête du premier tour. Il n’a pas réussi à créer la surprise, le choc, la dynamique que ses proches décrivaient la veille comme vitaux pour remettre les compteurs à zéro et engager une autre campagne.

– Par ailleurs, la dimension référendaire du premier tour est très nette. Selon l’enquête IPSOS sur les motivations de vote réalisée du 19 au 21 avril, plus de la moitié des français (53%) ont voté dimanche pour marquer leur opposition à Nicolas Sarkozy et pour 57%, le bilan du président sortant et du gouvernement ont joué un rôle important dans leur vote.

La mathématique vient aussi doucher les espoirs de Nicolas Sarkozy . Pour espérer l’emporter, il faudrait qu’il parvienne à rallier plus de 80% des électeurs frontistes et plus des 2/3des électeurs de François Bayrou alors que les reports sont actuellement de l’ordre de 60% dans le premier cas et de 30%. dans le second .

Difficulté supplémentaire : le réservoir électoral le plus important est du côté du l’électorat frontiste. Or c’est celui qui a été le plus déçu par les promesses de Nicolas Sarkozy sur le pouvoir d’achat. C’est celui aussi qui est le plus sensible aux thèmes de la sécurité et de l’immigration.

Pour espérer en récupérer une partie, le président sortant n’a pas les moyens de multiplier les annonces sur le pouvoir d’achat. Il va devoir en faire des tonnes sur le registre de la sécurité et de l’immigration. Au risque de perdre en retour les voix centristes dont il a aussi besoin.

Il lui faut aussi réveiller les abstentionnistes, donc attiser les peurs, durcir le ton contre François Hollande dont il ne cesse de pointer l’inexpérience et l’art de l’esquive.

Il est condamné à mener une campagne violente au risque de renforcer ce qui a fait par contraste la force de François Hollande : son côté tranquille et apaisant.

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