L’ex-salafiste Mohamed Fizazi: « Je n’ai pas retourné ma veste, je la porte désormais à l’endroit »

Dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique à paraître lundi, l’ex-salafiste, Mohamed Fizazi, explique sa repentance: « Je n’ai pas retourné ma veste, je la porte désormais à l’endroit ».
« Aujourd’hui, sous le nouveau règne, la situation est différente, la vie politique se déroule dans une certaine transparence et le jeu démocratique correspond plus ou moins à la réalité. La concurrence entre les acteurs politiques existe ou peut exister. À preuve, le parti de la justice et du développement [PJD] a remporté les élections et dirige le gouvernement », souligne-t-il.

Condamnée à trente ans de prison après les attentats de Casablanca de 2003 puis gracié en 2011, Mohamed Fizazi, une « figure haute en couleur du salafisme » au Maroc, a prononcé, vendredi 28 mars, à la mosquée Tariq Ibn iyad à Tanger, un prêche devant le Roi Mohammed VI.

« Un choix peu banal » et « un événement majeur », souligne l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Interrogé sur les attentats du 16 mai 2003 au Maroc, qui ont fait 45 morts, dont les kamikazes, et une centaine de blessés, Mohamed Fizazi les qualifie de « catastrophe à tous points de vue ». « C’est d’abord en tant que victime que j’en parle. J’ai été arrêté le 28 mai. On estimait que mes idées avaient inspiré les kamikazes ».

« Mon insistance sur le jihad en Afghanistan était considérée comme un appel au jihad en général et singulièrement au Maroc. Ce que j’étais loin, très loin d’imaginer… », poursuit Mohamed Fizazi pour qui les attentats du 11 septembre sont un « acte terroriste en contradiction avec les enseignements divins et que rien ne saurait justifier ».

Sur ses années en prison, l’ex-salafiste assure n’avoir subi aucun sévice. « J’ai toujours été traité avec respect. Ce qui n’empêche pas que, pendant les six premiers mois, j’étais, comme les autres détenus, privé de tout : ni visites, ni « couffin », ni même un Coran ! ».

Mais à partir de 2005, précise le prédicateur, « nous avons eu droit à un traitement privilégié : visites familiales prolongées [une demi-journée], sport, chaînes satellitaires, etc. Et puis il y a eu l’attentat contre un cybercafé à Casablanca, en 2007, qui a tout remis en question. Plus exactement, les libérations ont été interrompues, mais les privilèges ont été maintenus, en particulier pour les cheikhs ».

« Je n’hésite pas à dire que, entre 2005 et 2011, j’ai vécu… dans un hôtel 5 étoiles. À ceci près que je n’ai pas déboursé un sou ! », dit-il.

Sur l’apostasie (takfir), le cheikh se déclare "contre le takfir prononcé par des individus". "Le takfir est du ressort des institutions compétentes et, en fin de compte, du Conseil suprême des oulémas présidé par le Commandeur des croyants", précise Mohamed Fizazi, ajoutant que "le Commandeur des croyants est pour nous le calife".

Sur sa "guerre" contre les laïcs, Mohamed Fizazi estime avoir eux "seulement des divergences intellectuelles, idéologiques et, partant, politiques". "En dehors de notre attachement commun à la patrie et à la paix civile, nous ne sommes d’accord sur rien".

Quand à son principal contradicteur, l’intellectuel Ahmed Assid, Mohamed Fizazi se fait lapidaire: "C’est un analphabète ! Je dirais que l’islam n’est pas sa spécialité, pour rester poli".

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