L’avenir du Manuel Valls s’obscurcit, son étoile en berne

Vivement contesté au sein de la gauche au pouvoir et en chute dans les sondages, le Premier ministre français Manuel Valls voit s’abîmer son image d’alternative à François Hollande dans le camp socialiste pour la présidentielle de 2017.

Incarnation de l’aile droite du parti socialiste, Manuel Valls est malmené depuis plusieurs semaines sur les projets d’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution et de réforme du droit du travail pour lutter contre un chômage endémique.

Sa cote de popularité s’est effondrée en février (-9 points) et a atteint son plus bas niveau (35%) depuis son entrée en fonctions en 2014, selon un sondage publié mardi.

Et le Premier ministre français n’est pas au bout de ses peines avec une semaine cruciale, à partir de lundi, de discussions avec les syndicats sur une réforme du droit du travail, qu’il défend bec et ongles.

Son objectif est de sauver les deux mesures les plus controversées de cette réforme: un élargissement du licenciement économique et un barème plafonnant les indemnités accordées aux salariés licenciés.

"S’il recule, il perd la face et part. S’il s’obstine: nouvelle crise avec sa majorité, difficulté avec le président…", prédit Gwenegan Bui, un parlementaire du camp de la gauche au pouvoir.

"Il est clair que le Premier ministre est essoufflé et en difficultés. Au point de démissionner ? Cela dépendra de l’avenir de la loi" sur le travail, juge son collègue Alexis Bachelay.

Auprès de François Hollande, on jure pourtant que la question d’un départ de Manuel Valls "ne se pose pas". "Il restera Premier ministre jusqu’en 2017. Il y a beaucoup de chantiers de réformes à conduire dans l’année qui vient", souligne l’entourage du chef de l’Etat.

"Pour partir, il faut non seulement qu’il y ait les conditions mais il faut aussi en avoir les moyens!", grince un proche du président.

Leadership de la gauche

Porté au poste de Premier ministre par sa forte popularité au printemps 2014, Manuel Valls, chantre d’un socialisme pragmatique, entretient des relations très difficiles avec une partie du Parti socialiste et ses "troupes" parlementaires se comptent sur les doigts de deux mains.

"Non, il ne partira pas. Pour quoi faire?", assure un proche du Premier ministre. "Le seul qui peut lui dire avec une tape sur l’épaule, c’est fini, c’est le président de la République".

Mais dans sa fragilisation, certains socialistes voient justement la marque de François Hollande, qui se défausserait de ses propres choix contestés sur son Premier ministre, enfermé dans le rôle du "méchant", selon une formule du sénateur socialiste Gaëtan Gorce.

Pour cet élu, le chef de l’Etat cherche en fait à faire porter "la responsabilité des difficultés" sur Manuel Valls pour "détourner de lui l’attention que suscite forcément l’approche de la présidentielle".

Preuve en est, selon lui: les déclarations anonymes de proches de l’Elysée qui se multiplient dans la presse française "pour reprocher au Premier ministre de chercher à entraîner le président de la République sur une voie qu’il n’aurait pas choisie".

"On lui fait porter le chapeau du Premier ministre autoritaire, jusqu’au-boutiste, qui veut réformer sans dialoguer", s’inquiète un proche soutien.

Quant au scénario d’un Valls candidat naturel du Parti socialiste en 2017 si François Hollande décidait de ne pas y aller, le patron de cette formation, Jean-Christophe Cambadélis, ne semble guère enthousiaste. "Dans ce cas, ce serait une nouvelle donne. Et le premier secrétaire que je suis aurait son mot à dire", lâche-t-il.

Fils d’un Catalan espagnol et d’une Suisse italophone, Manuel Valls est âgé de 53 ans. Cet amateur de boxe, qui aime aussi cogner avec les mots, était ministre de l’Intérieur avant de devenir Premier ministre.

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