L’autisme lié à l’absence d’une bactérie intestinale dans un modèle animal

L’absence d’une espèce de bactérie intestinale est liée à des symptômes similaires à l’autisme chez des souris de laboratoire, ont constaté des chercheurs dont la découverte pourrait ouvrir des pistes de traitement de ce trouble chez les humains.

En introduisant ces bactéries dans les intestins de ces rongeurs ils ont pu inverser des déficits de comportements sociaux qui rappellent les symptômes du trouble du spectre autistique, expliquent ces scientifiques dont l’étude est publiée jeudi dans la revue américaine Cell.

"Nous ne savons pas encore si cette approche peut être efficace chez les humains mais il est extrêmement intéressant d’agir sur le cerveau par le biais de la faune intestinale", relève le Dr Mauro Costa-Mattioli, professeur à la faculté de médecine Baylor à Houston (Texas), le principal auteur.

Cette étude a été inspirée par des recherches épidémiologiques montrant que l’obésité maternelle pendant la grossesse peut accroître le risque chez les enfants de développer des troubles du développement, y compris l’autisme.

De plus, certains autistes ont des problèmes gastro-intestinaux récurrents.

Les chercheurs ont soumis 60 souris femelles à une alimentation riche en graisses saturées, équivalent à manger plusieurs fois par jour dans un fast food.

Ils ont nourri ces souris jusqu’à ce qu’elles aient des petits, qui sont restés trois semaines avec leur mère avant d’avoir une alimentation normale.

Après un mois, ces souriceaux ont montré des déficits de comportement, passant par exemple moins de temps que la normale avec leurs semblables.

"Nous avons trouvé une nette différence dans les flores intestinales des deux groupes de souris, l’un soumis à une alimentation normale et l’autre à un régime malsain", précise Shelly Buffington, une chercheuse du laboratoire du Dr Costa-Mattioli, un des co-auteurs.

"En analysant seulement la flore intestinale d’une souris on pouvait dire si l’animal souffrait ou pas de problèmes de comportement", souligne la chercheuse.

Comme les souris mangent leurs excréments, les scientifiques ont mélangé tous les animaux de l’expérience dans des cages.

Quand des souriceaux "autistes" se sont retrouvés avec d’autres jeunes souris normales, après quatre semaines ils ont restauré leur faune intestinale et amélioré leurs comportements sociaux, expliquent les scientifiques.

Ces derniers ont conclu qu’une ou plusieurs bactéries intestinales devaient jouer un rôle important.

Ils ont pu déterminer que la présence d’un type de bactérie (Lactobacillus reuteri) était très réduite dans la flore intestinale des souriceaux nés de mères nourries avec des aliments riches en graisse.

Les chercheurs ont ensuite cultivé une souche de cette bactérie isolée dans du lait maternel humain. Des cultures de ces bactéries ont été données à des petites souris souffrant de symptômes rappelant l’autisme: les symptômes se sont alors progressivement dissipés.

Cette même bactérie stimule la production d’ocytocine, l’hormone dite de l’amour, qui joue une rôle important dans la socialisation.

AFP

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