L’ancien otage français Lazarevic raconte l’enfer et la torture

L’ex-otage français Serge Lazarevic, libéré mardi après plus de trois ans de captivité au Sahel, a dit avoir été torturé par ses ravisseurs, selon un document publié dimanche sur le site de la chaîne de télévision France 2.

"Très souvent, ils nous frappaient avec des câbles métalliques", a précisé M. Lazarevic, enlevé en novembre 2011 avec un autre Français, Philippe Verdon, exécuté début 2013. Il a estimé que ce traitement était dû, pour partie, à la perception de ses geôliers, qui considéraient qu’il était un "barbouze" ou un "mercenaire".

Il a réfuté ces qualificatifs: "Je suis ouvrier du bâtiment, j’ai travaillé aussi dans la sécurité et comme maître d’oeuvre (…) Ce sont mes seules fonctions (…) J’étais là-bas pour une cimenterie qui devait être mise en place", a-t-il dit.

Dans une interview diffusée samedi soir par France 2, où il abordait pour la première fois les conditions de sa captivité, M. Lazarevic avait dit qu’il pensait avoir été libéré en échange d’une rançon.

"Oui je crois que c’est de l’argent, les gens qui prennent des gens en otages c’est pour de l’argent, c’est financier", a-t-il dit. "Je pense que c’étaient des hommes qui attendaient une rançon – la religion, je ne sais pas…"

Alors que le ministre malien de la Justice Mohamed Ali Bathily a reconnu vendredi que quatre prisonniers avaient été libérés en échange de M. Lazarevic, l’ex-otage a indiqué : "je n’y ai même pas réfléchi, j’essaie de ne plus penser à ça, parce que ça me tire vers le bas".

Dans le document mis en ligne par la chaîne de télévision, l’ancien otage a décrit ses geôliers comme "très jeunes". "L’un d’entre eux m’a dit qu’il avait 14 ans. Ce sont de pauvres gens à qui on donne des armes et de l’argent".

"Je n’étais plus un être humain"

Pendant sa détention, où il a passé une partie du temps enchaîné, ses geôliers lui ont très peu parlé, a-t-il indiqué. "Je n’étais plus un être humain, je ne sais plus qui j’étais", a-t-il précisé. "Il n’y a plus de temps, il n’y a plus de repères." "J’ai retrouvé le temps le jour où j’ai été libéré", a-t-il dit. "Je ne pensais même pas que les gens étaient autant mobilisés pour ma libération". "Ça ne m’a jamais, mais jamais, traversé l’esprit de baisser les bras", a dit sa fille Diane, également présente sur le plateau du journal télévisé samedi.

Pour tenir, M. Lazarevic a expliqué avoir fait jusqu’à quatre heures d’activités physiques quotidiennes lorsqu’il n’était pas entravé. Néanmoins, nourri essentiellement de pain durant sa captivité, ce quinquagénaire massif a reconnu s’être senti "très faible" lors de l’enregistrement de la dernière vidéo diffusée par ses ravisseurs, en novembre. "Je me suis dit, ça va lâcher", a raconté celui qui a perdu plusieurs dizaines de kilos en détention.

M. Lazarevic a dit avoir appris à son retour le décès de Philippe Verdon, kidnappé en même temps que lui et retrouvé mort d’une balle dans la tête. Il a précisé avoir partagé avec lui environ quinze mois de captivité.

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