L’amitié américano-qatarie à l’épreuve de l’entretien Obama/Tamim

Il pourrait s’agir d’une rencontre entre proches alliés, mais lorsque l’émir du Qatar rencontrera le président Barack Obama mardi à Washington, plusieurs sujets géopolitiques pourraient mettre à l’épreuve l’amitié entre les deux pays.
La rencontre marquera la première visite officielle à la Maison blanche de cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, qui a accédé au trône en juin 2013.

"Les Etats-Unis et le Qatar ont une relation ancienne et cette rencontre sera l’occasion de la renforcer et d’évoquer notre intérêt commun à soutenir la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient", a indiqué la Maison blanche en annonçant la visite.

Mais les questions de sécurité domineront les discussions, et ce sont probablement celles les plus à même de provoquer des frictions entre les deux chefs d’Etat.

"Une discussion très franche doit avoir lieu", estime Michael Stephens, chef du Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI), pour qui l’accent sera mis sur des questions géopolitiques, notamment les relations tendues entre le Qatar et l’Egypte, autre allié des Etats-Unis.

La semaine dernière, Doha a rappelé son ambassadeur au Caire après que l’Egypte l’a accusé de "soutien au terrorisme" pour avoir émis des réserves sur une résolution de la Ligue arabe appuyant des raids de l’armée de l’air égyptienne contre des jihadistes en Libye.

Ce différend avec l’Egypte pourrait compliquer les efforts de Washington qui cherche à consolider le front contre l’organisation Etat islamique (EI) au sein de la coalition internationale antijihadiste en Syrie et en Irak, à laquelle le Qatar participe.

"Obama veut savoir comment le Qatar prévoit de gérer ses relations avec l’Egypte", explique M. Stephens.

L’accusation du Caire, selon laquelle le Qatar soutiendrait des groupes islamistes, rappelle les soupçons souvent évoqués concernant un appui de Doha à des groupes en Libye, mais aussi en Syrie et en Egypte.

Des relations pas toujours faciles

Et si les Etats-Unis et le Qatar sont alliés, leurs relations ne sont pas toujours faciles. Le Qatar accueille une importante base militaire américaine, les échanges commerciaux entre les deux pays se chiffrent à quelque sept milliards de dollars, et Washington a loué le rôle de Doha pour un apaisement au Yémen où une milice chiite s’est emparée du pouvoir en janvier.

Mais des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour accuser les Qataris de soutenir des groupes islamistes radicaux. "Il y a un courant d’opinion, notamment dans les milieux de la droite (américaine), selon lequel le Qatar est l’ennemi public numéro un, et le Qatar n’a pas fait du bon travail pour se défendre", explique M. Stephens.

Doha est également accusé de soutenir la confrérie des Frères musulmans, y compris le groupe islamiste palestinien Hamas, qui en est issu.

Avant la visite de cheikh Tamim, des ultraconservateurs américains ont demandé pourquoi M. Obama recevait le chef d’Etat d’"un pays qui soutient des jihadistes", mais pas le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, attendu au Congrès le 3 mars.

Le Qatar nie vigoureusement soutenir l’EI, et ses responsables répètent qu’ils ne financent pas de radicaux, mais des groupes modérés en coordination avec des agences de renseignements occidentales, dont la CIA.

L’expert britannique Christopher Davidson rappelle que le Qatar a été un allié loyal des Etats-Unis depuis le début du Printemps arabe en 2011. Mais c’est la radicalisation de certaines factions qui a donné lieu aux accusations contre Doha.

"Je ne partage pas l’accusation selon laquelle le Qatar" joue un double-jeu, dit-il, ajoutant, "depuis le début de l’administration Obama, le Qatar s’est positionné comme un second violon utile au Moyen-Orient".

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