L’affaire DSK n’a pas encore livré tous ses secrets

Cette affaire au-delà de la caricature d’un DSK pervers sexuel compulsif n’a pas encore livré tous ses secrets. DSK, un homme qui n’a pas pu éviter un traquenard grossier, est aujourd’hui un homme fini, mais l’affaire, la vraie, ne fait que commencer.

J’y vais en marche arrière. C’est un sujet qui est en général du caviar pour les commentateurs mais, personnellement, ce sujet, particulièrement, ne me plaît pas. Il contient tous les ingrédients qui permettent de faire de la mauvaise presse avec une bonne conscience. Tous les éléments qui permettent aux hypocrites de se mettre dans des postures indues. Et il offre au total, ce sujet, toutes les possibilités de manipuler l’opinion publique selon des objectifs et des agendas que nous ignorons. Je ne suis ni pour la thèse du complot, ni pour la thèse de l’accusation simple. Il y a anguille sous roche. L’affaire DSK est gênante à plus d’un titre. Il y a d’abord une story. En une ligne : un homme de pouvoir puissant qui gère la finance internationale, présenté comme un pervers sexuel multirécidiviste, attaque dans sa suite de luxe, dans un 5 étoiles à New York, une faible travailleuse d’origine africaine, une Guinéenne de confession musulmane qui élève toute seule un enfant. Viol, séquestration et sévices sexuels. La police s’en mêle. Fin du story telling. DSK risque 75 ans de prison. A partir de là quelques remarques. 1) La police de New York a immédiatement détruit l’image de DSK au détriment de ses droits élémentaires à la dignité. 2) Le procureur dans le système américain roule pour sa pomme, il est élu et actuellement en campagne. Il joue un match, et il faut qu’il le gagne. C’est l’affaire de sa vie. Du sexe, un homme politique, un candidat potentiel à la présidentielle, un patron du FMI, une Guinéenne et son frère francophone qui défend habilement l’honneur de la famille. Le tableau est complet. 3) la présomption d’innocence tout le monde s’en fiche. C’est la première victime de cette affaire. Le système judiciaire américain est brutal et complexe. DSK est méthodiquement condamné, notamment par la bienpensance, dès les premières heures de la procédure. Menottes, gyrophares, réquisitoire, pénitencier, etc. Tout le kit du condamné est là avant le procès. Cette affaire au-delà de la caricature d’un DSK pervers sexuel compulsif n’a pas encore livré tous ses secrets. DSK, un homme qui n’a pas pu éviter un traquenard grossier, est aujourd’hui un homme fini, mais l’affaire, la vraie, ne fait que commencer.

Par Khalil Hachimi Idrissi, ALM

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